Geert Lambert  » Nous avons un potentiel électoral « 

Les VlaamsProgressieven viennent de rompre le cartel qui les unissait au SP.A. Geert Lambert, leader de ce petit parti flamand de gauche, explique pourquoi il a décidé de faire cavalier seul.

Les VlaamsProgressieven (Vl.Pro, ex-Spirit, ex-aile de gauche de la VU) traversent une crise existentielle. Pourtant, vous ne semblez pas fatigué…

Cette crise nous donne de l’énergie. Les élections régionales ont lieu dans un peu plus de six mois, et nous avons décidé d’y aller seuls. Il va falloir être en forme.

Le cartel SP.A-Vl.Pro a volé en éclats. A qui la faute ?

A personne. Je n’étais pas contre le cartel avec le SP.A, à condition que nous puissions rester un parti indépendant. Mais les socialistes envisageaient une formule beaucoup plus intégrée, un peu comme au MR, où le MCC n’a presque plus d’existence propre. A partir de là, ça devenait difficile. Pas question pour moi de dissoudre les VlaamsProgressieven dans une grande fédération dominée par les socialistes.

Plusieurs figures des Vl. Pro refusent de vous suivre. Bert Anciaux se tâte, le vice-président Fouad Ahidar a claqué la porte, tout comme Koen T’Sijen, bourgmestre de Boechout. Ces départs en cascade vous ont-ils surpris ?

Pas du tout. Depuis plusieurs mois déjà, plusieurs membres doutaient de la pérennité de notre parti.

La gauche est si faible en Flandre. Votre décision de faire cavalier seul ne va-t-elle pas l’affaiblir davantage ?

Peut-être. Mais je pense que c’est l’inverse qui va se produire. A droite, les électeurs ont l’embarras du choix : CD&V, Open VLD, Vlaams Belang, N-VA, Lijst Dedecker. A gauche, par contre, vous n’avez que le SP.A et Groen !. Du coup, des électeurs progressistes votent pour le CD&V ou l’Open VLD, faute d’alternative. Pour beaucoup de gens, le SP.A ne représente pas une alternative. Et Groen !, à la différence d’Ecolo, reste très limité à l’environnement.

Si vous étiez francophone, vous militeriez chez Ecolo ?

(Il réfléchit.) Oui, certainement.

Vous vous dites  » libéral de gauche « . Pour l’électeur moyen, ça ne signifie pas grand-chose.

Je sais que le terme  » libéralisme de gauche  » est difficile à comprendre. Mais je suis convaincu que nous avons un potentiel électoral. Au moment des élections, une émission de la VRT (Doe de stemtest) proposait aux gens de donner leur opinion sur une série de sujets. A la fin du test, ils voyaient de quel parti ils se rapprochaient le plus. Un très grand nombre d’entre eux arrivaient aux Vlaams-Progressieven !

Au fond, quelle est votre idéologie ?

Nous pensons que l’Etat doit jouer un rôle essentiel. Pas pour maintenir les gens dans l’assistanat, mais pour assurer une réelle égalité des chances, et permettre à chacun d’exercer sa liberté. Nos trois valeurs fondamentales sont la liberté, l’égalité des chances et la responsabilité. Nous plaçons les trois sur le même pied, alors que les libéraux privilégient d’abord la liberté, et les socialistes, l’égalité.

Quelle différence par rapport au socialisme libéral d’un Frank Vandenbroucke ou au libéralisme social d’un Louis Michel ?

Le problème, c’est que les idées de Frank Vandenbroucke ne sont pas majoritaires au sein du SP.A. Pareil pour les progressistes de l’Open VLD, comme Sven Gatz et Patrik Vankrunkelsven. Ils n’ont presque aucune influence dans leur parti. En pratique, ils renforcent la droite.

Les VlaamsProgressieven sont issus de l’ex-Volks-unie. Etes-vous toujours nationalistes ?

Le mot  » nationalisme  » a mauvaise haleine… Nous sommes régionalistes. Pour moi, les trois niveaux de pouvoir pertinents sont la commune, la région et l’Europe. Mais ça n’empêche pas les régions de collaborer entre elles.

Comment comptez-vous franchir la barre des 5 %, indispensable pour envoyer des élus au parlement flamand ?

En travaillant beaucoup. Ce sera difficile, je le sais bien. Chaque voix comptera.

Entretien : François Brabant

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