Gare au retard !

La nouvelle gare signée Santiago Calatrava a tout intérêt à être prête pour 2015… Mais les aléas d’un chantier d’une telle ampleur, rappelle le patron d’Eurogare, sont difficiles à anticiper. Le délai semble en tout cas  » raisonnablement optimiste « .

Il ne vous aura pas échappé, à la lecture de ce dossier, que Mons 2015, Capitale européenne de la culture, fait frétiller les chaumières – essentiellement politiques jusqu’à présent – dans la cité du Doudou. Parmi les chantiers qui devront être mis en place pour répondre à cette échéance, il en est un qui, probablement plus que les autres, fait suer les éminences. Avec cette question cruciale : la nouvelle gare, dessinée par Santiago Calatrava, sera-t-elle fin prête pour 2015 ? On imagine mal, en effet, des milliers de visiteurs débarquer à Mons via la poussiéreuse gare en chantier, avec tous les désagréments et risques qu’une telle situation pourrait faire naître.

Petit rappel : en 2004, dans le même timing que la décision montoise d’introduire une candidature pour 2015, la SNCB décide qu’il est temps de rhabiller la gare de Mons, comme elle l’avait fait ou allait le faire pour Bruxelles-Midi, Anvers, Louvain ou… Liège, avec le fameux dôme imaginé là aussi par Calatrava. Un chantier liégeois dont les difficultés ont régulièrement noirci les pages des quotidiens.  » Les leçons que nous pouvons retirer de l’expérience liégeoise sont de deux ordres : il faudra essayer de mieux organiser les différentes phases ferroviaires en liaison avec le chantier et veiller, dans les procédures de marché public, à désigner des entrepreneurs qui pourront être aptes à mener le chantier à bien « , lance le patron d’EuroGare (ex-Euro Liège TGV), Vincent Bourlard. Une manière polie de dire que les entrepreneurs mobilisés à Liège n’ont pas forcément tous été à la hauteur…

Et quand on lui demande si le délai de 2015 lui paraît  » raisonnablement optimiste « , comme le qualifie Yves Vasseur, commissaire de Mons 2015, Vincent Bourlard se veut rassurant, en nuançant tout de même :  » Je ferai tout pour que nous tenions ce délai, mais tout ne dépend pas de moi. Un chantier de cette ampleur est toujours très aléatoire, entre les dépassements de coût, les retards, les adjudications, la conformité des offres d’entrepreneurs par rapport aux cahiers des charges, etc. Je ne suis pas Madame Soleil ! « 

Assurer le trafic en même temps

Passerelle destinée à relier le centre historique et les Grands-Prés, la gare se voudra foncièrement multimodale, puisqu’elle accueillera notamment les bus et un parking souterrain. L’étude d’incidence environnementale devrait s’achever prochainement et mener à l’introduction du permis d’urbanisme. Mais rien n’est simple dans ce dossier, comme nous l’expliquions en avril dans ces mêmes colonnes ( » Calatrava et Mons : polémique et désamour « , Le Vif/L’Express du 16/04). La SNCB va devoir tenir le chronomètre à l’£il – à l’instar de la ville, qui rénovera les alentours de la gare, avec des fonds européens – tout en laissant s’opérer concomitamment, au c£ur du chantier, un trafic ferroviaire quasi normal : à Mons, on parle tout de même de 10 000 passagers par jour…

C’est le prix à payer quand on décide de bâtir sur l’existant, au c£ur des villes. En l’occurrence, ce parti pris a suscité des remous dans certains cénacles : que Santiago Calatrava, qui se serait largement écarté du cahier des charges initial, puisse toucher si profondément au bâtiment initial de l’architecte René Panis n’a pas fait que des heureux. Sans compter le budget envisagé (autour de 120 millions d’euros, selon Vincent Bourlard), qualifié par d’aucuns de pharaonique. Bref, on n’a probablement pas fini d’entendre parler de ce dossier.

G.V.

la nouvelle gare se voudra foncièrement multimodale

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