Anne-Sophie Bailly, Rédactrice en chef © HATIM KAGHAT

Gagner le match

Des mesures pour le moins légères – et fédérales – vendredi matin. Un tour de vis sévère – et régional – vendredi soir. Un reconfinement partiel – et bruxellois – samedi après-midi. Un retour vers l’enseignement secondaire virtuel – et francophone – dimanche soir. Un resserrage de boulons tardif – et flamand – mardi soir.

Il y avait de quoi se perdre ces derniers jours dans la succession des mesures distillées au compte-gouttes par chaque niveau de pouvoir pour faire face à la deuxième vague de contaminations et à la propagation exponentielle du coronavirus dans le pays. Un chaos, symbole pour beaucoup du dysfonctionnement avéré du fédéralisme à la belge. Une cacophonie inaudible due à la structure d’un pays dans lequel chaque Région prend ses propres décisions, faisant fi de l’avis et de la situation sanitaire des autres. Un bordel renforcé par la superposition des échelons communautaires et régionaux. Et un chef d’orchestre qui semble bien seul à appeler à jouer collectif.

La communication des derniers jours a d’ailleurs atteint un tel niveau d’inefficacité que, depuis, les scientifiques n’ont eu de cesse de lancer des appels aux médias et aux influenceurs pour que le message percole dans toutes les couches sociales, les courants de pensée, les communautés, les groupes d’âge. Que chacun prenne connaissance et conscience de la nouvelle donne avec laquelle il faut désormais compter. De l’urgence. Le Vif a entendu l’appel et y a répondu présent en lançant l’opération « Vos questions, nos réponses » (lire page 56).

Une communication défaillante, donc, doublée d’une inefficacité opérationnelle avérée. Après la saga des masques, le pays subit de plein fouet celle du testing (lire page 38) et l’échec de la stratégie tester-tracer-isoler qui débouche sur cette situation sanitaire catastrophique, ces hôpitaux saturés, ces confinements qui ne disent pas leur nom.

Tout n’est donc pas rose au royaume de Belgique. Loin de là. Mais cette inefficacité peut-elle être imputée, partiellement, totalement, à la structure de l’Etat? A son fédéralisme?

Si on passe outre une communication erratique, mettre en place un plus petit dénominateur commun – et fédéral – suivi de mesures spécifiques – et régionales – n’est-il pas acceptable? Compréhensible aussi, pour autant que la situation sanitaire, idéologique, économique, d’une région l’impose. Avantageux même pour éviter que, sous couvert d’unité nationale, seul un socle commun de mesures soit mis en place et qu’une moitié du pays décide pour l’ensemble.

Ne peut-on jouer collectif tout en donnant des consignes spécifiques à l’attaque et à la défense, si c’est ce qui permet à l’équipe de réaliser l’essentiel: gagner le match?

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