Franz W. Kaiser est le curateur de Roger Raveel. Une rétrospective, à voir jusqu'au 21 juin à Bozar. © YANNICK SAS

Franz W. Kaiser

Artiste largement sous-estimé, Roger Raveel (1921 – 2013) aurait eu 100 ans en 2021. Bozar lui rend hommage à la faveur d’une Rétrospection que le curateur Franz W. Kaiser a conçue fidèle à un plasticien ayant passé toute sa vie à Machelen-sur-Lys, son village natal.

Quel est l’apport de Roger Raveel à la peinture?

C’est très difficile à résumer car il a pratiqué de nombreux styles différents. Ce qu’il faut comprendre – c’est d’ailleurs sa marque de fabrique – c’est qu’il est l’un des premiers à ne pas s’inscrire dans une logique du progrès et du modernisme. Il était farouchement individualiste, il voulait trouver son écriture à lui, ne pas s’intégrer au sein d’un mouvement. Cette Rétrospection a pour ambition de structurer, à travers différentes salles thématiques, les détours de cette recherche formelle. Il est intéressant de voir que la peinture a toujours été une évidence pour lui, même dans les périodes où elle était sévèrement mise en cause. Raveel prouve le lien intime entre l’art et la main.

Rester à Machelen-sur-Lys ne voulait pas dire pour lui se couper du reste du monde…

C’est exactement ça. Il y a un mouvement de va-et-vient entre le local et l’international. Dans les années 1960, il découvre le Nouveau Réalisme et s’empare immédiatement de ce qui l’intéresse. Il en va de même avec la performance, dans les années 1970. Il est très ouvert sur le monde, ce qui prouve à ceux qui en douteraient qu’il n’est pas un provincialiste. Il a un pouvoir d’assimilation phénoménal.

Pourquoi est-ce important de le montrer aujourd’hui?

Il y a un moment assez propice au sein du monde de l’art tel qu’il se déploie aujourd’hui. Nous sommes trop souvent face à des pratiques lisses, hors-sol, qui font le pari de l’efficacité et de la communication. L’art a ceci de différent de l’industrie qu’il s’agit d’une expérience subjective et individuelle. Mettre en avant quelqu’un comme Raveel s’apparente à un message adressé au monde de l’art: il n’est pas nécessaire de voyager à travers les fuseaux horaires pour avoir un langage universel. Appliqué au champ de la philosophie, cela renvoie vers Kant qui a mis au jour les structures de l’esprit sans jamais quitter Königsberg.

A Bozar, à Bruxelles, jusqu’au 21 juillet.

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