Football

Westerlo et Lommel, un club de 2e division, disputeront la finale de la Coupe de Belgique. Où reste l’intérêt de la part du public et des caïds du football belge ?

L’an dernier, en France, la finale de la coupe nationale a opposé l’équipe professionnelle de Nantes, champion cette année, à Calais. L’extraodinaire parcours de ce dernier, petit club amateur du bord de mer, a constitué, chez nos voisins, un événement populaire et médiatique de grande envergure. L’aventure des footballeurs nordistes a sensibilisé et mobilisé tout un pays, au point que, selon un sondage, plus de 60 % des Français interrogés souhaitaient la victoire du petit poucet, plutôt que celle du grand méchant loup. Elle n’a pas eu lieu. Mais rarement le nom d’un perdant d’une finale de Coupe de France demeurera autant dans les mémoires.

Le 12 mai dernier, la finale de la Coupe d’Angleterre s’est, quant à elle, disputée entre deux des plus légendaires clubs du pays: Liverpool et Arsenal. Exceptionnellement déplacée à Cardiff, pour cause de reconstruction du célèbre stade de Wembley (Londres), elle n’a en rien perdu de son aura, faisant le plein des 73 000 spectateurs du Millennium Stadium gallois. Liverpool l’a emporté par 2 buts à 1. Mais, surtout, l’ambiance et le fol engouement que provoque pareille compétition outre-Manche n’ont été identiques qu’à Londres. Comme chaque année, il s’agit d’un jour de fête. Toute la journée durant, les chaînes de télévision sont braquées sur l’événement. Sur les gradins, accompagnés par une fanfare prestigieuse, la foule chante des airs traditionnels, dont les paroles lui ont été offertes à l’entrée. Et, pour les nostalgiques, il a même été possible, depuis le début des travaux, d’acheter une motte de la pelouse sacrée de Wembley via Internet…

Anglais et Français entretiennent une certaine culture à l’égard de la compétition de Coupe – une épreuve à élimination directe entre tous les clubs du pays – qui n’existe pas en Belgique. Tant en France qu’en Angleterre, la mise sur pied de ce tournoi a d’ailleurs précédé celle du championnat. Chez nous, cette année, ni « grand club » en finale, ni ferveur particulière pour le « petit » Lommel, bien que club champion de 2e division, qui affrontera Westerlo, équipe moyenne de 1re division. Dimanche 27 mai, le stade du Heysel ne sera pas rempli. Devant la part du coût de l’organisation qui incombe à chacun des deux finalistes (plus de 2 millions de francs), la direction de Lommel a même proposé de déplacer le match à Genk. Mais les engagements pris en ont imposé le maintien dans la capitale.

En Belgique, à quelques exceptions près, la Coupe de Belgique n’a jamais suscité grand intérêt. La preuve: le cours très irrégulier de son déroulement. D’abord, elle n’a été organisée que 6 fois en un demi-siècle: de 1912 à 1914, en 1927, et de 1954 à 1956. A chaque fois, l’indifférence qu’ont porté nos meilleurs clubs a précipité son retrait du calendrier. Anderlecht y avait, par exemple, aligné à plusieurs reprises son équipe réserve.

Depuis 1963, la compétition est toutefois organisée régulièrement. En cause: la création, trois années auparvant, de la Coupe d’Europe des Vainqueurs de coupe. Dès qu’ils ont vu qu’une victoire en coupe nationale offrait un billet de participation à une compétition européenne, nos meilleurs clubs ont témoigné de plus d’attention. La Ligue professionnelle, née au début des années 70, a ensuite pesé de tout son poids pour modifier ponctuellement le règlement du tournoi en faveur de ses clubs. Objectif: éviter la surprise d’une élimination brutale, pourtant propre à ce genre d’épreuve, en augmentant sans cesse les chances de qualification.

Ainsi, à partir d’un certain niveau de la compétition, est apparue la suppression de l’élimination directe. Exemples: en quarts de finale, en cas de match nul, un replay est prévu sur le terrain de l’équipe « visiteuse » lors du premier match. Les demi-finales, elles, se déroulent d’office en deux manches, selon la réglementation en vigueur en coupes européennes. Régulièrement aussi, les clubs de divisions supérieures achètent « l’avantage du terrain » à leur adversaire moins nanti, si le tirage au sort les a obligés à se déplacer chez le plus modeste. Non pas pour satisfaire la passion de leur public, ni par culture de l’événement, ni par souci du palmarès, mais uniquement par spéculation sur les profits d’une éventuelle campagne en coupe européenne.

Emile Carlier

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