Une première - et une réussite - pour le professeur Yoshiki Sawa et son équipe. © BELGAIMAGE

Feuilles dégradables

Pour la première fois, une équipe japonaise, menée par le professeur Yoshiki Sawa, a greffé non pas un coeur, mais des cellules musculaires cardiaques entièrement créées en laboratoire. L’opération, qui s’est déroulée le 27 janvier, consiste à poser, à la surface des zones endom- magées du coeur du patient, des feuilles dégradables sur lesquelles les cellules greffées se développeront et sécréteront une protéine capable de régénérer les vaisseaux sanguins et améliorer par la suite la fonction cardiaque.

Sur ces feuilles extrêmement fines sont étalées des cellules iPS (pour cellules souches pluripotentes induites), obtenues à partir de cellules sanguines de donneurs adultes sains. Celles-ci sont capables de se multiplier à l’infini dans toutes les cellules d’un organisme adulte, quel que soit leur type. Leur particularité: elles proviennent de cellules adultes déjà différenciées, comme des cellules de la peau. Mais comment reprogrammer ces cellules adultes en cellules souches? Un jeu d’enfant – ou presque – qui a tout de même valu à son découvreur, Shinya Yamanaka, le prix Nobel de médecine en 2012. En résumé, il suffit de faire exprimer quatre gènes (Oct-3/4, Sox2, c-Myc, et KLF4) dans les cellules adultes, pour les reprogrammer en cellules iPS.

L’organisme tolère bien mieux la transplantation de cellules souches qu’un nouvel organe.

Le patient du 27 janvier souffrait de cardiomyopathie ischémique. Une maladie cardiaque qui touche 1,3% de la population en Belgique, surtout des hommes, et se caractérise par une insuffisance d’oxygénation du coeur due à un rétrécissement des artères coronaires par des plaques d’athérome (dépôt de graisse sur la paroi des vaisseaux). Le coeur est alors moins bien irrigué. Cette première doit être suivie de neuf autres opérations au cours des trois prochaines années. Cette avancée technique chamboulerait le champ de la transplantation cardiaque, puisque ce type de cellules souches s’avère plus facile à se procurer et bien mieux toléré par l’organisme qu’un nouvel organe.

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