FERY MALEK-MADANI, UNE BELGE à TéHéRAN

Issue de la bonne société iranienne, Fery Malek-Madani vit en Belgique depuis l’âge de 11 ans. Sociologue, membre de réseaux féministes internationaux, fondatrice de ART Cantara qui veut faire connaître l’art iranien contemporain en Belgique, elle se trouvait dans son pays natal au moment des élections. Elle a voté à Téhéran.

Le Vif/L’Express : Avez-vous eu le sentiment de participer à un événement historique ?

Fery Malek-Madani : Nous avons fait la file pendant des heures sous un soleil brûlant, hommes et femmes mélangés. La vieille femme en tchador côtoyait le punk, qui la faisait passer devant lui, l’homme cédait sa place à l’ombre à sa femme. Cela s’appelle l’égalité, ce côté avenant de l’homme oriental… Il n’y avait aucune surveillance policière. Lorsque mon tour est venu, l’on venait de placarder un message du ministre de l’Intérieur mettant en garde contre la mauvaise qualité de certains stylos dont l’encre risquait de s’effacer. Tout le monde était persuadé que Mir Hossein Moussavi allait gagner, surtout les jeunes qu’on appelle ici la  » troisième vague « . A titre personnel, j’aurais plutôt voté Mehdi Karoubi, le religieux réformateur dont le programme était le plus audacieux. Mais, en 2004, j’avais rencontré la femme de Moussavi, Zahra Rahnavard, pour notre projet de réseau d’amitié des femmes belges et iraniennes. Puis, en 2006, avec le réseau  » Femmes et sociétés en transition  » composé de féministes belges d’Amazone, d’Iraniennes, de Turques et de Marocaines. J’ai énormément de respect pour elle. J’ai donc voté pour son mari.

Va-t-on vers une nouvelle révolution ?

Je constate beaucoup de ressemblance avec la révolution d’il y a trente ans : les slogans, la désobéissance civile, une mobilisation massive et spontanée. Il ne s’agit pas d’une révolte estudiantine. Pour la première fois, j’ai l’impression que le mécontentement va devenir une force politique. Ce peuple montre de façon digne et pacifique qu’il est en marche vers la démocratie et la sécularisation. On discute librement de la séparation des pouvoirs ou de la suppression du caractère obligatoire du port du foulard… Inimaginable, il y a dix ans !

Faut-il craindre que la terreur s’abatte sur l’Iran ?

Non, jamais. C’est une société très mûre. Mais personne, ici, n’acceptera de leçon des Américains.

Propos recueillis par Marie-Cécile Royen

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