Folles mélancolies, par Teresa Vaiga, traduit du portugais par Ana Maria Torres, éd. Chandeigne, 300 p.

Fêlées plurielles

Dans Folles mélancolies, Teresa Veiga se joue des genres et des hommages littéraires pour faire saillir la psyché variable de ses antihéroïnes.

A la manière d’une Elena Ferrante lusophone, Teresa Vaiga tient farouchement à son anonymat, mais n’a pas son pareil pour camper des personnages féminins hors du commun, cousus à points méticuleux, affectueux mais non sans ironie. Dans Folles mélancolies, nouvelles aux atmosphères feutrées mais piquantes, elle démultiplie les visages du  » féminin  » et en déconstruit les archétypes, que ce soit à travers Kitty, la danseuse du Wonderbar qui finit en déclin, recluse et pétrie d’amour (La Mort du Cygne), ou Mademoiselle Susana, menant l’enquête sur la séquestration d’une Cendrillon de tabloïds (Natacha) ou encore quand elle prend un malin plaisir à s’imaginer Adèle troussant quelque histoire démesurément tragique pour revitaminer l’intellect d’un Sherlock Holmes en descente de trip. Si certaines protagonistes de ce recueil pourraient donc ressembler aux orphelines au doux faciès d’antan, ou à la Miss Havisham des Grandes Espérances de Dickens, il y a en elles un grain duplice, une opiniâtreté, un zeste féroce qui les font s’extraire, ne fût-ce qu’un instant, du cadre figé des narrations. Du faux conte gothique au récit d’initiation érotique (avec dentiste !) qui tourne au drame, saluons donc comme il se doit cet art fin et multiple du pastiche aux échos émancipateurs.

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