Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. Première participation à une élection communale en octobre 1970 et le FDF s'impose comme la première force politique bruxelloise : sans crier gare, le parti fédéraliste capte 28 % des voix, enlève 161 sièges sur 513, décroche quatre mayorats. La percée, spectaculaire, surprend : on croyait le terreau communal peu fertile pour un parti communautaire. Le FDF a mené campagne en faisant un rêve : briser le carcan flamand qui enserre le territoire bruxellois. C'était le bon plan. © FONDS D'HISTOIRE DU MOUVEMENT WALLON - MVW

FDF, le raz-de-marée endeuillé

Le parti fédéraliste bruxellois décroche la timbale pour une première participation au scrutin communal de 1970. Victoire retentissante au goût de cendres : coller des affiches électorales a tué un militant.

L’affiche est en berne. Elle pleure la perte tragique d’un de ses innombrables colleurs mobilisés à chaque campagne pour la faire fleurir aux quatre coins des rues. Jacques Georgin, militant FDF en pleine action, n’a pas survécu au passage à tabac d’un groupe d’extrémistes flamingants du Vlaamse Militanten Orde. A un mois du scrutin communal du 11 octobre 1970, le pays prend le deuil. La lâche agression nocturne de Laeken a tout du symbole dans une  » Belgique de papa  » agonisante, rongée par les différends communautaires qui monopolisent désormais l’attention des électeurs et exacerbent les joutes électorales.

Un autre coin du pays a commencé à faire parler de lui, au scrutin de 1964 : Fourons, où on a voté pour la première fois depuis le rattachement contesté au Limbourg. Où les listes  » Retour à Liège  » ont décroché la majorité absolue. L’épine du hérisson est plantée dans le pied du gouvernement présent et à venir.

Les partis traditionnels sont bousculés dans leur zone de confort par des nouveaux venus qui font bouillonner le bain communal jusqu’alors empreint de stabilité. Au scrutin de 1964, il y a soudaine prolifération de listes :  » Intérêts communaux « ,  » Union démocratique herstalienne « ,  » Rassemblement autour du bourgmestre « ,  » Renouveau louviérois « ,  » Union forestoise « ,  » Liberté à Uccle « ,  » Front wallon « ,  » Renaissance tournaisienne « . Et le folklorique s’engouffre dans la brèche. A Liège, Alfred Beaujean,  » frère Alfred  » pour les étudiants, fondateur d’un Parti vitaliste wallon, décroche un millier de voix. Il récidive en 1970, à la tête d’un Mouvement wallon pour une meilleure distribution de l’Abondance. Avec un grand A.

Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. Première participation à une élection communale en octobre 1970 et le FDF s'impose comme la première force politique bruxelloise : sans crier gare, le parti fédéraliste capte 28 % des voix, enlève 161 sièges sur 513, décroche quatre mayorats. La percée, spectaculaire, surprend : on croyait le terreau communal peu fertile pour un parti communautaire. Le FDF a mené campagne en faisant un rêve : briser le carcan flamand qui enserre le territoire bruxellois. C'était le bon plan.
Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Première participation à une élection communale en octobre 1970 et le FDF s’impose comme la première force politique bruxelloise : sans crier gare, le parti fédéraliste capte 28 % des voix, enlève 161 sièges sur 513, décroche quatre mayorats. La percée, spectaculaire, surprend : on croyait le terreau communal peu fertile pour un parti communautaire. Le FDF a mené campagne en faisant un rêve : briser le carcan flamand qui enserre le territoire bruxellois. C’était le bon plan.© COLLECTION MUNDANEUM – MONS – PHOTO : HATIM KAGHAT

Découvrez plus d’affiches électorales historiques sur levif.be

 » Hello, le soleil brille, brille, brille !  » chante Annie Cordy. Le tube de l’été 1958 inspire les socialistes des Golden Sixties. L’avenir semble encore leur sourire. Sauf qu’au soir du 11 octobre 1964, les camarades font grise mine. Le PSB n’a pu que sauver les meubles, son recul est général quoiqu’il reste premier parti dans les villes industrielles de Wallonie. En Région bruxelloise, le ténor Paul-Henri Spaak (se) rassure :  » La vague de fond libérale s’est brisée contre les bourgmestres socialistes. « © INSTITUT EMILE VANDERVELDE – BRUXELLES – HATIM KAGHAT
Le candidat prend goût à se mettre en avant et en scène. En 1964, Monsieur le député-échevin d'Ixelles ne va pas encore jusqu'à tomber la veste pour poser, entouré de (ses ?) six mioches habillées à l'identique qu'il vient cueillir à la fin de l'école. En toute décontraction...
Le candidat prend goût à se mettre en avant et en scène. En 1964, Monsieur le député-échevin d’Ixelles ne va pas encore jusqu’à tomber la veste pour poser, entouré de (ses ?) six mioches habillées à l’identique qu’il vient cueillir à la fin de l’école. En toute décontraction…© COLLECTION MUNDANEUM – MONS – PHOTO : HATIM KAGHAT
Communales d'octobre 1964 : baptême du feu électoral des libéraux qui étrennent leur nouvelle étiquette PLP (Parti de la liberté et du progrès). Le principal parti d'opposition veut convaincre l'électeur de sanctionner la gestion gouvernementale socialiste - sociale-chrétienne.
Communales d’octobre 1964 : baptême du feu électoral des libéraux qui étrennent leur nouvelle étiquette PLP (Parti de la liberté et du progrès). Le principal parti d’opposition veut convaincre l’électeur de sanctionner la gestion gouvernementale socialiste – sociale-chrétienne.  » Madame  » est prise à témoin, elle qui sait ce que veut dire gérer le budget d’un ménage. Bingo : le parti libéral, pour la première fois depuis la Libération, devient numéro un dans l’agglomération bruxelloise et progresse dans les autres régions. Joli succès, avant le triomphe aux législatives de mai 1965. Et un recul global aux communales de 1970.© FONDS D'HISTOIRE DU MOUVEMENT WALLON – MVW
Il en impose, en grande tenue de bourgmestre constellée de décorations. L'uniforme lui va si bien que Charles Janssens n'ose imaginer s'en voir dépouiller par l'électeur ixellois, au soir du scrutin de 1964. A quoi bon préciser qu'on est candidat libéral lorsqu'on pose en rassembleur pour un portrait joliment dédicacé.
Il en impose, en grande tenue de bourgmestre constellée de décorations. L’uniforme lui va si bien que Charles Janssens n’ose imaginer s’en voir dépouiller par l’électeur ixellois, au soir du scrutin de 1964. A quoi bon préciser qu’on est candidat libéral lorsqu’on pose en rassembleur pour un portrait joliment dédicacé.© COLLECTION MUNDANEUM – MONS – PHOTO : HATIM KAGHAT
Assez de haine, il faut po-si-ti-ver. Prendre exemple sur cet enfant occupé à empiler innocemment des blocs en bois et à oeuvrer ainsi à la construction du paradis socialiste au scrutin de 1970. A la fin des années 1960, le
Assez de haine, il faut po-si-ti-ver. Prendre exemple sur cet enfant occupé à empiler innocemment des blocs en bois et à oeuvrer ainsi à la construction du paradis socialiste au scrutin de 1970. A la fin des années 1960, le  » dégagisme  » déserte l’affiche.  » Le dénigrement des partis et des candidats concurrents, si souvent pratiqué pendant la première moitié du siècle, en mettant en scène de façon caricaturale les adversaires ou en invoquant la nécessité d’évincer les partis au pouvoir, est pratiquement abandonné « , relève François Heinderyckx (ULB), sociologue des médias et spécialiste en communication politique (1). (1) Un siècle d’affiches politiques, par Xavier Mabille, François Heinderyckx et Gabriel Thoveron, éd. du Céfal, 2003, 83 p.© INSTITUT EMILE VANDERVELDE – BRUXELLES – PHOTO : HATIM KAGHAT
L'image prend le pas sur le texte qui se soumet désormais à sa loi. Un rien coincé dans le costume noir toujours de rigueur, le socialiste ixellois Joseph Wiard interrompt une studieuse lecture et a bien pensé à décrocher le combiné pour se mettre pleinement à l'écoute d'un interlocuteur invisible.
L’image prend le pas sur le texte qui se soumet désormais à sa loi. Un rien coincé dans le costume noir toujours de rigueur, le socialiste ixellois Joseph Wiard interrompt une studieuse lecture et a bien pensé à décrocher le combiné pour se mettre pleinement à l’écoute d’un interlocuteur invisible.© COLLECTION MUNDANEUM – MONS – PHOTO : HATIM KAGHAT
Pas encore d'Ecolo en vue, le PSC se pare de vert (cette affichette a été utilisée à Liège lors du scrutin qui s'est rejoué en 1971 pour cause d'élections invalidées).
Pas encore d’Ecolo en vue, le PSC se pare de vert (cette affichette a été utilisée à Liège lors du scrutin qui s’est rejoué en 1971 pour cause d’élections invalidées).  » La différenciation entre le rose des socialistes, l’orange des catholiques et le rouge des seuls communistes n’est intervenue que dans le courant des années 1950 et 1960 « , explique François Heinderyckx. Le choix partisan des couleurs n’a rien d’anecdotique. De savants spécialistes leur attribuent des propriétés : le rouge engendrerait enthousiasme et passion jusqu’à la violence. Le vert apporterait l’apaisement. L’orange séduirait timides et indécis. Le bleu libéral, réputé efficace, détournerait des idées fixes.© FONDS D'HISTOIRE DU MOUVEMENT WALLON – MVW
Tournée de cigares pour les Bastognards ! C'est Louis Olivier, tête de liste PLP et bourgmestre sortant aux communales de 1970, qui régale. Avec, s'il vous plaît, portrait incrusté du généreux donateur sur la bague Caraïbe. Les libéraux luxembourgeois ne se refusent rien : pas même la distribution de tartinières en bois avec invitation imprimée en bleu à penser très très fort à eux... C'est Byzance à Bastogne.
Tournée de cigares pour les Bastognards ! C’est Louis Olivier, tête de liste PLP et bourgmestre sortant aux communales de 1970, qui régale. Avec, s’il vous plaît, portrait incrusté du généreux donateur sur la bague Caraïbe. Les libéraux luxembourgeois ne se refusent rien : pas même la distribution de tartinières en bois avec invitation imprimée en bleu à penser très très fort à eux… C’est Byzance à Bastogne.© MUSÉE DE LA VIE WALLONNE – LIÈGE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire