« Excellence et inclusion ne sont pas incompatibles. »

De l’argent patronal pour financer des tests d’orientation scolaire dès l’enfance: ce genre d’investissement mérite réflexion, relève Florie Thomas, conseillère emploi-enseignement à l’Union wallonne des entreprises (UWE), pour qui le monde de l’entreprise est le mieux placé pour livrer une expertise en la matière.

Le patronat flamand (s’)investit dans l’orientation scolaire des 12-14 ans. Un modèle inspirant pour le monde wallon de l’entreprise?

L’UWE n’était pas au courant de l’initiative du Voka. Mettre en place un outil d’orientation à l’intention des jeunes, par objectivation des profils de compétence sous forme de tests, peut être un modèle inspirant. La porte est ouverte à la réflexion. Car la Wallonie est confrontée au même constat posé en Flandre: les filières qualifiantes sont trop souvent des filières de relégation et c’est l’orientation par l’échec qui a tendance à prévaloir.

Appartient-il au monde patronal de s’immiscer aussi directement dans l’orientation scolaire dès la fin du primaire?

Le Voka ne fait que mettre à la disposition des jeunes son expertise en métiers. Il me paraît logique que le monde patronal puisse apporter sa connaissance du monde du travail, lequel fait partie intégrante des compétences qui seront mobilisées par toute personne. En Wallonie, nous travaillons d’ailleurs avec des opérateurs de l’orientation scolaire, tels que la Cité des métiers. Le monde de l’entreprise livre déjà son expertise des métiers, au travers de témoignages dans les écoles. Mais nous nous situons davantage dans un processus de sensibilisation, y compris dès le primaire sous une forme ludique, comme par exemple dans le secteur de la construction.

Vouloir mesurer, au-delà des aptitudes à lire et à compter, les attitudes, les intérêts et les motivations à partir de 12 ans, n’est-ce pas trop tôt?

On pourrait le penser mais selon une étude commandée par le Forem, les prémices d’une orientation appelée à se confirmer dans l’orientation scolaire, comme une préférence pour les sciences ou les maths, se situent à 12-13 ans. Il s’agit donc du bon moment pour chercher à objectiver les compétences cognitives mais aussi relationnelles. Car l’accent est aujourd’hui mis sur la nécessité d’acquérir une compétence de base et des compétences transversales: l’intelligence relationnelle est devenue une partie intégrante du travail en entreprise. Dans notre enseignement, les élèves sont orientés vers les filières qualifiantes dès 14-15 ans. Pourquoi, dès lors, ne pas objectiver les compétences dès l’âge de 12 ans? Il faut rappeler que le tronc commun prolongé dans le secondaire francophone prévoit de faire découvrir aux élèves les métiers dans le cadre d’activités liées à l’orientation scolaire. Ce qui représente une plus-value.

Les élèves sont orientés vers les filières qualifiantes dès 14-15 ans. Pourquoi ne pas objectiver les compétences dès l’âge de 12 ans?

L’école de l’excellence: que les meilleurs gagnent et tant pis pour les autres?

Le terme « excellence » revêt parfois une connotation péjorative. Mais vouloir améliorer le niveau de qualité de la formation, c’est être inclusif. Excellence et inclusion ne sont pas incompatibles, c’est l’excellence inclusive qu’il faut viser, l’excellence pour tous et pas pour quelques-uns, comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui lorsque l’orientation scolaire se fait par l’échec, le dépit ou par défaut.

Et si un syndicat ou une mutuelle se mettait à financer un programme de tests d’orientation scolaire, comment le patronat devrait-il le prendre?

C’est une excellente question mais d’ordre journalistique… Je dirais que le monde de l’entreprise est le mieux à même de fournir une expertise par rapport au monde du travail. Après tout, c’est lui qui recrute. Cela dit, des actions de sensibilisation dans ce domaine existent aussi parmi les partenaires sociaux.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire