Etre attentif et prendre position

En s’offrant des pans entiers de rues pour les réhabiliter, en incitant le privé à bouger de son côté pour valoriser le parc immobilier existant, les édiles locaux semblent bien décidés à prendre enfin les choses en main de façon organisée. Objectif : gonfler l’offre de logements dignes de ce nom.

Les statistiques fédérales ont tout récemment livré leur verdict : l’année immobilière, globalement correcte, a connu un dernier trimestre 2008 maussade. Liège n’échappe pas à la règle. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un £il aux chiffres 2007, pour les maisons ordinaires : le prix moyen était de 116 800 euros. En 2008, on passe à 129 900 euros, mais avec une étape, pour le premier semestre de l’année écoulée, à 127 300 euros. On peut donc parler d’une quasi-stagnation pour les six derniers mois de 2008. Le nombre de transactions a, quant à lui, carrément diminué.

Cela dit, comme le montre notamment le prix moyen des appartements, établi en 2008 à 111 000 euros par le SPF Economie, l’immobilier à Liège est encore l’un des plus abordables du pays. Et quand on voit les efforts fournis par les autorités publiques, couplées ou non avec le privé, on se dit qu’il n’y a pas de raison qu’il en soit toujours ainsi. Aux acheteurs malins de prendre leurs positions, en déterminant les zones au futur ensoleillé.

Relevons que certains secteurs en déshérence vont subir, à court, moyen ou long terme, de lourdes transformations. Prenons, par exemple, le quartier Cathédrale nord, théâtre actuel d’une prostitution qui n’y est plus la bienvenue. Le collège, par une politique immobilière proactive –  » Toutes les semaines, j’achète ou je vends des bâtiments via la politique des grandes villes « , clame le mayeur Willy Demeyer -, a décidé il y a trois ans déjà de racheter presque un trottoir entier de la petite rue Souverain-Pont, voisine de l’hôtel de ville.

 » Nous avons acheté du bâti de bonne et de mauvaise qualité. Nous avons décidé de rénover complètement les commerces. L’objectif est de faire de la rue une artère thématique, un peu à l’exemple de ce qui se fait à Lille. Nous ne voulons pas être simplement des assembleurs de projets pour le privé, qui prendrait le gras et nous laisserait le maigre « , confie Maggy Yerna, l’échevine du Logement.

Trop de petits logements

De manière générale, la Cité ardente a bien l’intention de remplir les nombreuses dents creuses qui jalonnent ses rues ou leurs étages. Et souhaiterait mettre le frein sur les innombrables petits logements caractéristiques de la ville.  » Nous avons défini une réflexion sur la totalité de notre parc immobilier pour comprendre quels étaient nos besoins, poursuit Maggy Yerna. Or on s’est rendu compte que la division des maisons en petits logements, style kots, a été excessive. On en a beaucoup trop. « 

Autre enjeu immobilier futur : la ville étant vouée à une expansion démographique – depuis 2002, la population augmente annuellement d’un millier d’habitants -, des ZACC (zone d’aménagement communal concerté) devraient être mises en £uvre pour délier le cordon des fonciers à bâtir. La Ville ne dispose plus, comme un peu partout en Belgique, d’une masse de terrains résidentiels. Le nombre de ZACC à aménager à court, moyen ou long terme s’élève à 18, pour près de 265 hectares qui seront affectés à des zones d’habitat.  » Les familles éclatées sont une donnée sociologique qu’on ne peut négliger : il nous faut plus de logements adaptés « , souligne encore Willy Demeyer. En 2008, le nombre de permis de bâtir pour de nouvelles constructions est passé à 130, contre 107 en 2007 ; mais il y en avait 177 en 2006, année faste.

Les acteurs immobiliers sont prévenus : pour y vivre ou pour y investir, certains quartiers liégeois, jusque-là dénigrés, pourraient receler, avec le bras armé de la ville, un potentiel intéressant.

G.V.

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