Etienne Wéry :  » Encourageons ce nouveau modèle économique « 

En France, selon un rapport de la Commission des finances du Sénat cité par L’Express, le revenu moyen d’un hôte sur AirBnB serait de 3 600 euros par an. De quoi arrondir ses fins de mois, sans plus. Chez nous aussi, d’après le ministre De Croo, la grande majorité des bénéficiaires de revenus occasionnels de l’économie collaborative ne gagne pas plus de quelques milliers d’euros par an. Actuellement, ces revenus doivent être déclarés à titre de revenus divers dans votre déclaration et sont taxés au taux unique de 33 %. Ils ne sont en revanche frappés d’aucune cotisation sociale et ne procurent donc aucune couverture particulière : pas de droit au chômage, pas de cotisation pour la pension, pas d’assurance maladie-invalidité. Dans la pratique, beaucoup ne les déclarent pas. Ce sont les nouvelles formes du travail au noir. Gare à ceux que le fisc parvient à identifier.

Mais faut-il tout déclarer ? Pour l’avocat Etienne Wéry, spécialiste des nouvelles technologies, c’est moins une question de quantité que de régularité.  » Si vous vendez une croûte héritée de votre grand- père pour 1 million, vous ne devez pas le déclarer, mais si vous en vendez 100 à 80 euros sur l’année, vous serez considéré comme professionnel.  » Reste que le fisc n’est pas outillé pour scruter toutes les plates-formes. Certaines sont plus faciles à contrôler que d’autres : eBay, AirBnB, Uber, par exemple.  » Lorsque les services sont totalement dématérialisés, c’est une autre paire de manches.  » Comme tout ce qui est conseil juridique, médical… ou fiscal, par exemple. Ou les webcams qui sont devenues  » les vaches à lait de l’industrie porno « .

Mais pour Etienne Wery, la vraie question porte moins sur les  » petites mains  » de l’économie collaborative que sur les entrepreneurs,  » ceux qui créent les plates-formes en commençant avec des bouts de ficelle et peuvent devenir milliardaires en quelques années sans avoir pratiquement rien investi.  » Tous les géants du Web ont commencé petit et c’est sur ce modèle que repose la reconversion économique de nos sociétés, poursuit l’avocat.  » Ce qu’il faut savoir, c’est si on veut l’encourager ou lui mettre des bâtons dans les roues. Je le vois avec mes clients : tant qu’ils démarrent, ils restent en Belgique mais quand ils commencent à se développer, ils partent dans la Silicon Valley.  » Là où on salue leur réussite et où les investisseurs sont prêts à prendre le relais. Hasard du calendrier, juste après la déconfiture de la belge Take Eat Easy, sa concurrente britannique Deliveroo a annoncé, le 6 août, qu’elle venait de lever 275 millions de dollars sur les marchés pour assurer son développement. Notamment en Wallonie…

PH. B.

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