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Et si… on n’accumulait plus les sacs en toile ?

Loïs Denis
Loïs Denis Journaliste

Avec des « si », on pourrait refaire le monde. Refaisons-le !

Il est devenu le compagnon écolo que tout le monde s’arrache. Le tote bag, c’est ce sac, souvent en coton, que l’on promène partout. C’est d’ailleurs l’essence même de son étymologie, to tote signifiant  » trimbaler  » en anglais. Son invention n’est pas toute récente mais, à en croire sa notoriété actuelle, il n’a pas pris une ride. Dès le début des années 1900, les premiers cabas en toile sont portés en bandoulière par des postiers britanniques qui y glissent courrier et colis. Les crieurs de journaux d’Amérique du Nord et d’Europe s’en emparent ensuite, avant qu’ils connaissent un succès populaire sur les marchés, où ils servent à transporter les emplettes.

Pratique, léger et personnalisable, le tote bag fait le bonheur de chacun : le consommateur l’utilise comme sac à commissions, le branché comme accessoire de mode et le monde de l’entreprise comme support promotionnel. D’ailleurs, ces sacoches prennent souvent des allures de panneaux publicitaires mobiles. Elles deviennent des cadeaux dont les fiers acquéreurs sont transformés en hommes-sandwiches bénévoles. Mais se pavaner avec un tote bag à l’épaule, c’est avant tout faire un choix en faveur de l’environnement, pense une majorité d’entre nous. Adieu les sacs en plastique qui nous attendent encore à la caisse de certains magasins, qui virevoltent sur nos routes et dans nos champs, ou qui envahissent les océans. Pourtant, troquer le vieux plastique contre l’élégant coton, ce n’est pas si écolo que ça en a l’air.

D’autant que, parmi l’amoncellement de ces sacs en toile achetés ou offerts, beaucoup sont oubliés dans des placards. Or, vu les quantités d’eau, d’énergie et de pesticides nécessaires à leur fabrication, mieux vaudrait qu’ils voient un peu plus la lumière du jour. Une étude de l’Agence danoise de protection de l’environnement révèle que pour égaler les  » performances environnementales  » d’un sac plastique, il faudrait utiliser son tote bag en coton 7 100 fois. En estimant, de manière optimiste, qu’une personne s’en sert au quotidien, dix-neuf années seraient nécessaires pour amortir l’empreinte écologique dudit sac. Si vous êtes soucieux d’acquérir un modèle en coton bio, sachez que… c’est pire. Certes, l’agriculture sans pesticides ni engrais chimiques respecte davantage la planète. Mais le rendement des terres étant moindre, la production d’une quantité égale de coton nécessitera 30 % d’eau en plus. Il faudrait dès lors utiliser son cabas en toile 20 000 fois, soit tous les jours pendant 54 ans, pour parvenir à un impact écologique positif.

Le véritable geste environnemental consisterait donc à arrêter de collectionner ces fourre-tout, même s’il ne s’agit pas pour autant de faire l’éloge du plastique. Peut-être moins polluant lors sa confection, il reste un fardeau pour la planète. Il empoisonne l’écosystème marin, étouffe la faune aquatique et terrestre, et pollue l’atmosphère lors de son incinération, à défaut d’être recyclé. Bref, rien ne sert d’accumuler des dizaines de tote bags dans son armoire. Le tout est de les utiliser un peu, beaucoup, passionnément, à la folie.

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