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Et si… mode et écologie s’alliaient ?

Loïs Denis
Loïs Denis Journaliste

Avec des « si », on pourrait refaire le monde. Refaisons-le !

Soldes, fêtes de fin d’année, changements de saisons… Autant de prétextes pour sortir de nouvelles collections et vendre. Mais à quel prix ? Difficile de ne pas dresser un tableau noir de l’industrie textile. Si le secteur est socialement à la ramasse, avec des travailleurs exploités charbonnant dans des usines à la sécurité bancale, il représente aussi un désastre écologique. L’habillement est responsable pour 2 à 10 % de l’impact environnemental global des ménages dans les pays riches, au quatrième rang après le logement, la mobilité et l’alimentation, selon le Centre commun de recherche de l’Union européenne. De leur côté, les ingénieurs et experts indépendants de l’organisation Carbon Trust ont évalué l’empreinte écologique d’un tee-shirt en coton à chaque étape de sa  » vie « . L’utilisation du vêtement (lavage, séchage et repassage) est la plus polluante (52 %), suivie de sa fabrication (26 %) et de la production des matières premières (14 %). La mode est d’ailleurs une fervente consommatrice de ressources énergétiques et hydriques. Selon la fondation Ellen MacArthur, plus de 98 millions de tonnes d’énergie fossile, dont du pétrole, seraient ainsi utilisées chaque année pour la fabrication de fibres synthétiques, de teintures, etc. La production textile consomme également 93 milliards de mètres cubes d’eau par an, l’eau étant par ailleurs polluée par les produits qu’y déverse l’industrie textile.  » Plus de 1 900 produits chimiques interviennent dans la confection de vêtements, dont 165 sont classés « dangereux pour la santé ou l’environnement » par l’Union européenne « , peut-on lire dans une publication du Parlement européen.

Alors, faut-il arrêter de s’habiller ? Certainement pas. Mais il est possible de consommer autrement, d’allier plaisir de se vêtir et limitation de son empreinte écologique. Un premier geste passe par sa machine à laver. Selon l’organisation Eunomia, entre 0,5 et 1,41 million de tonnes de microplastiques arrivent chaque année dans les océans, dont 35 % proviendraient du lavage des textiles synthétiques (polyester, nylon ou acrylique). Etre attentif à la composition des vêtements et diminuer le nombre de lessives ne peut qu’avoir un impact positif sur la pollution marine. Le rôle des industriels est évidemment capital. Aujourd’hui, un texte concret va dans ce sens. En 2018, lors de la COP24 en Pologne, une coalition de 43 grands groupes a, en effet, signé la Charte de l’industrie de la mode pour l’action climatique, qui vise une réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur d’ici à 2030. Les signataires s’engagent, au travers d’objectifs validés par le WWF (World Wildlife Fund, Fonds mondial pour la nature), à collaborer dans une approche plus circulaire et durable. Parmi les marques, on retrouve des poids lourds du prêt-à-porter tels que le groupe Kering, Adidas, Inditex, Puma ou encore H&M. Mais restons vigilants face à la tentation du greenwashing, ce subterfuge marketing donnant l’illusion qu’une marque passe du côté écologique de la force, alors qu’elle se contente de donner une touche de vert à son image sans réellement agir.

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