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Et si… les mégots ne jonchaient plus les trottoirs ?

Loïs Denis
Loïs Denis Journaliste

Avec des « si », on pourrait refaire le monde. Refaisons-le !

Une bouffée d’oxygène dans l’espace public. Imaginez les rues débarrassées de leur traditionnel mouchetage orange ; plus aucun mégot au sol ou dans les bouches d’égout. On pourrait presque se croire au Japon, où s’allumer une clope n’est pas un geste que l’on effectue selon son bon vouloir. Là-bas, et dans plusieurs mégapoles à travers le monde, la pause cigarette est strictement encadrée et cantonnée aux zones réservées aux fumeurs, tant dans les bars ou les centres commerciaux que dans la rue. Résultat : des villes impeccables.

Pourtant, cette utopie-là, c’est bel et bien en Belgique qu’elle se déroule. Com- ment s’est opérée une telle révolution ? D’abord, le législateur a dû durcir le ton, en commençant par le territoire de la Ville de Bruxelles. Depuis le début de l’année, les responsables de jet de mégots pris la main dans le paquet y sont condamnés à une amende administrative de 200 euros. Un montant plutôt dissuasif. Ensuite, l’installation de centaines de cendriers supplémentaires sur la voie publique et la distribution de boîtes métalliques de poche ont réduit la tentation de se débarrasser n’importe où, n’importe comment de ses mégots.

Si de telles mesures s’étendaient à l’ensemble du territoire, ce pourrait en être fini des dix millions de mégots jetés chaque jour en Belgique. Nos rues afficheraient meilleure mine et la pollution diminuerait, non seulement parce qu’il faut compter douze à quinze ans avant qu’un filtre de cigarette ne redevienne poussière mais aussi parce que la combustion elle-même produit un mélange de gaz et de particules contenant plus de 4 000 substances chimiques. Autant d’ingrédients nocifs concentrés dans ce fameux filtre qui, à lui seul, est capable de contaminer jusqu’à 500 litres d’eau. Emporté par les fleuves et rivières, il échoue également très souvent dans les océans ou sur les plages, quand il ne se fraie pas un chemin à travers les bans de poissons, de moules ou d’huîtres – bon appétit…

Mais se débarrasser proprement de ses mégots est également salutaire pour nos parcs et nos campagnes. Une étude menée par l’université de Cambridge révèle qu’abandonnés dans l’herbe, ils provoquent un ralentissement de sa croissance : moins 10 % de chance de germination pour le gazon et les trèfles, qui perdent au passage 28 % de leur longueur de pousse. Sur le plan budgétaire, enfin, des économies colossales pourraient être réalisées si on mettait fin à ce largage sauvage. En 2018, le gouvernement bruxellois estimait les frais liés à la collecte des mégots sur la voie publique à près de 200 000 euros. Conclusion : aucune raison que des déchets goudronneux terminent leur vie sur le bitume.

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