Erdogan menace l’Europe

Fort de l’accord sur les migrants, le président turc a décidé de provoquer les Européens pour convaincre ses concitoyens de lui accorder plus de pouvoirs. Deviendra-t-il l’Atatürk islamiste ?

Ce chef d’Etat fait un rêve d’une incongruité totale : devenir l’Atatürk islamiste, alors que le fondateur de la Turquie moderne nourrissait les pires préventions à l’égard de l’islam. A 63 ans, Recep Tayyip Erdogan se verrait bien poursuivre sa carrière sous les habits d’un autocrate. Il sait qu’il tient l’Europe par l’une de ses cordes les plus sensibles. Et il en abuse… Le 18 mars 2016, Ankara a conclu avec l’Union européenne un accord crucial qui prévoit des mesures énergiques pour  » mettre fin à la migration irrégulière de la Turquie vers l’UE « . Cette entente s’est avérée efficace, au point que s’en passer d’un seul coup produirait une catastrophe migratoire : Erdogan exploite cette situation. Quatre mois plus tard, le 15 juillet 2016, après avoir échappé de peu à une tentative de coup d’Etat, le président turc lance une répression exemplaire que les indignations de l’Europe ne peuvent arrêter. Depuis, Erdogan se fonde sur le complot permanent pour justifier l’organisation d’un référendum destiné à lui confier les pleins pouvoirs. Pour être sûr de remporter ce scrutin constitutionnel, qui se tiendra le 16 avril, il a décidé de défier directement l’UE, alors même que la Turquie est encore officiellement candidate à l’adhésion. Il a offensé Angela Merkel, invectivé plusieurs autres dirigeants ou nations, brandi toutes sortes d’avertissements, d’intimidations et de chantages : jusqu’où ira Erdogan ?

C. M.