Epilogues

Si la vieillesse est un naufrage, Jim Harrison a chaviré dans les eaux du pire et du meilleur. Il faut lire Les OEufs, la prodigieuse nouvelle qui ouvre le recueil posthume – et inégal – de l’écrivain décédé au printemps 2016, à l’âge de 78 ans. Il faut la lire parce qu’il s’en dégage une folle énergie, une vitalité indomptée, quelque chose de furieusement sauvage, rugueux, régénérant. Jim Harrison se montre au sommet de son art, et on ne le lâche pas d’une semelle lorsqu’il se glisse dans la peau d’une intrépide paysanne prête à tout pour tomber enceinte et s’établir sur la ferme familiale. Cette paysanne lui ressemble, lui l’amoureux des grands espaces, lui le sage panthéiste et furieusement rabelaisien. Lui qui pourtant nous perd lorsque, dans L’Affaire des bouddhas hurleurs, dernière nouvelle du recueil, il patauge et s’enfonce dans son personnage de vieillard libidineux. Relatant les histoires de fesses de l’inspecteur Sanderson, le récit est lourdingue, narcissique et plat. Heureusement, l’embarras ne dure qu’une cinquantaine de pages, et on en sort avec l’envie de lui pardonner…

Dernières nouvelles, par Jim Harrison, trad. de l’anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieussent. Flammarion, 304 p.

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