En route pour l’Antarctique

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Annick Wilmotte et quatre autres scientifiques partent pour la station polaire belge Princess Elisabeth, qui sera inaugurée le 15 février. La microbiologiste de l’université de Liège raconte les préparatifs et les buts de l’expédition.

Que mettre dans ses bagages quand on part vivre un mois en Antarctique ? Microbiologiste à l’université de Liège (ULg), Annick Wilmotte fait partie de l’expédition qui rejoint, ce week-end, la station polaire belge Princess Elisabeth, sur la Terre de la Reine Maude. La scientifique s’est procuré des chaussures appropriées à la Fondation polaire internationale, à Bruxelles, et boucle sa valise.  » Surtout, ne pas oublier les lunettes de soleil, indice de protection 4, et les chargeurs de batteries pour appareils photo, s’exclame-t-elle. J’emporte aussi des vêtements thermiques multicouches, car le plus grand souci, là-bas, est d’évacuer l’humidité du corps. « 

Annick Wilmotte n’est pas une  » bleue  » : elle s’est déjà rendue en Antarctique voici cinq ans, invitée par une mission espagnole installée sur la péninsule qui fait face à l’Amérique du Sud. Cette fois, elle va découvrir une région différente, très éloignée des côtes, en compagnie de quatre autres scientifiques : une bactériologiste et un spécialiste de l’écologie aquatique de l’université de Gand, un entomologiste français et un géomorphologiste britannique.  » Nous arriverons ce 24 janvier au Cap, en Afri-que du Sud, où nous restons deux jours, précise la Pr Wilmotte. Un briefing y est prévu, donné par une ONG chargée de lutter contre la  » pollution  » du continent blanc. Elle nous demandera de nettoyer nos poches, nos fermetures Eclair, nos bottes ou encore nos palettes de bois pour éviter d’emporter avec nous des pollens, des graines et des insectes. Dans les conditions actuelles, de tels organismes ne peuvent subsister en Antarctique, mais, à terme, cela risque de changer à cause du réchauffement climatique. « 

Un avion-cargo Iliouchine déposera alors les membres de l’expédition et leur matériel sur la base polaire russe Novo, située à 450 kilomètres de la station Princess Elisabeth. Enfin, un vieux DC-3 muni de skis assurera le transfert jusqu’aux abords du nunatak Utsteinen, l’affleurement rocheux où est située la base belge. Une trentaine de personnes sont déjà sur place. Elles mettent la dernière main aux travaux de finition de la station, qui sera inaugurée le 15 février, en présence de VIP venus de Belgique. L’installation du matériel énergétique est en cours. La base polaire belge est la seule à fonctionner entièrement avec des énergies renouvelables (éoliennes et panneaux solaires).  » La station ne sera pas terminée à notre arrivée, indique Annick Wilmotte. Nous dormirons sous tente. De même, le laboratoire prévu n’existe pas encore. De toute manière, les études scientifiques sophistiquées se feront au retour au pays. « 

La biologiste de l’ULg n’a pas oublié son microscope, des pinces et des sacs stériles. Son objectif : analyser la diversité microbienne dans cette zone rarement explorée par les scientifiques.  » Si les phoques, les manchots et les oiseaux ne sont pas des habitants permanents des lieux et se nourrissent du produit de la mer, le continent blanc n’est pas pour autant un simple glaçon, prévient Annick Wilmotte. On y trouve des lichens, des algues, des invertébrés. Ce tapis microbien sert d’indicateur de l’évolution du climat. Nos analyses serviront aussi à étudier l’impact de la station sur son environnement.  » La scientifique se réjouit déjà : ses compagnons et elle-même entreprendront plusieurs excursions en scooter des neiges pour cartographier divers sites de la région et y récolter des données. Si les conditions météo le permettentà l

Olivier Rogeau

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