En panne d’innovation, à la merci de délocalisations

L’automobile, le textile, la chimie : les trois piliers du tissu industriel flamand, fragilisés par la concurrence des pays à bas salaires, cherchent leur planche de salut dans l’innovation. Mais le souffle manque.

La Flandre, colosse économique aux pieds d’argile ? Région abritant de nombreuses PME, sa force de frappe industrielle repose aussi sur des morceaux de choix pourvoyeurs de dizaines de milliers d’emplois. Le tiercé gagnant de cette catégorie poids lourds : 1. L’assemblage automobile, avec son million de voitures produites chaque année dans les usines Ford, à Genk, Opel, à Anvers, et Volvo, à Gand. 2. Le secteur textile, avec ses 30 000 travailleurs (dont 90 % en Flandre). 3. La chimie et ses 1 500 sociétés représentant 16 000 emplois directs et indirects en Flandre, qui s’enorgueillit, en outre, d’abriter au port d’Anvers le plus grand centre pétrochimique d’Europe. Mais ces pans majeurs du tissu industriel flamand ont des points faibles.  » L’emploi flamand reste relativement concentré dans l’industrie manufacturière, donc dans des activités à haut risque de délocalisation. Il représente 17,65 % de l’emploi total en Flandre, pour 12,8 % en Wallonie et 6,19 % à Bruxelles « , constatait le centre d’études Jean Gol (MR) en 2007.  » C’est aujourd’hui au tour de la Flandre de s’inquiéter pour sa reconversion économique et le maintien de son taux d’emploi.  »

Le Nord ferait donc encore la part trop belle à des secteurs industriels dangereusement exposés aux turbulences d’une économie globalisée. Ils se retrouvent de ce fait à la merci de restructurations massives toujours synonymes de lourdes pertes d’emplois. Face à la concurrence de pays à bas salaires, comme la Chine, ces secteurs ne feraient pas le poids. Dans l’automobile, le spectre de la fermeture brutale de Renault-Vilvorde en 1997 hante encore les mémoires.  » Entre 2000 et 2004, la Flandre a perdu 13 000 emplois dans l’industrie textile, chimique et automobile « , pointe encore l’étude du Centre Jean Gol, s’appuyant notamment sur les sombres prévisions de Paul De Grauwe, professeur d’économie à la KUL et ancien sénateur Open VLD.  » En 2025, l’industrie automobile belge ne comptera plus que la moitié de ses emplois salariés, à la faveur des gains de productivité et des délocalisations vers les pays à bas salaires. En Flandre, la menace pèserait, à terme, sur près de 60 000 emplois (11 000 en Wallonie).  » Ce n’est pas un hasard si la moindre grogne sociale qui perturbe ou paralyse l’un des grands noms de l’industrie automobile en Flandre suscite toujours un début de panique dans les milieux politiques ou patronaux, prompts à crier à l’irresponsabilité.

L’industrie textile flamande n’est guère à la fête non plus. Une menace pèse, d’ici à la fin de l’année, sur 1 500 à 2 000 emplois. Le secrétaire général de Fedustria Vlaanderen, Fa Quix, refuse pourtant d’y voir autre chose qu’un revers conjoncturel :  » La chute de la demande génère des surcapacités de production qui vont déboucher sur des restructurations. Mais le secteur textile flamand, qui repose sur un grand nombre de PME, s’est adapté au changement lié à la globalisation et est redevenu parmi les plus compétitifs au monde grâce à une réorientation vers des produits plus innovants. « 

L’innovation, le mot est lâché : c’est la grande bataille que la Flandre entend remporter à tout prix. Elle en fait une question de survie.  » S’il y a une voiture que nous pourrions conserver en Flandre, c’est peut-être la voiture du futur « , relève la ministre flamande de l’Economie, Patricia Ceysens (Open VLD). Or le Nord se mettrait à manquer de souffle novateur, perdrait le goût de l’innovation technologique :  » 14 % seulement de notre chiffre d’affaires porte sur de nouveaux produits, alors que ce chiffre en Europe représente environ 25 % « , s’alarme le député régional CD&V Eric Van Rompuy. L’imagination ne serait donc plus au pouvoir en Flandre…

P. Hx

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire