En Bourse

Depuis le 21 mai, les actions belges sont cotées sur une plate-forme commune avec les valeurs françaises. La fusion des Bourses d’Amsterdam, de Bruxelles et de Paris, regroupées au sein d’Euronext, le premier marché boursier de la zone euro, prend de la vitesse. Qu’est-ce que cela va changer pour l’investisseur belge ? Réponses.

Confrontées à une concurrence croissante, comme n’importe quelle entreprise, les Bourses doivent s’unir pour se renforcer. C’est dans cette optique que les Bourses de Bruxelles, Amsterdam et Paris ne feront bientôt plus qu’une. Baptisée Euronext, la nouvelle entité englobera les marchés d’actions classiques, les marchés d’actions de croissance Euro.NM et les marchés de produits dérivés (options, futures,..) des trois pays. Cette fusion sera totale : elle touchera tous les stades de la transaction boursière jusqu’à son exécution finale (passation de l’ordre, exécution, compensation et liquidation).

En clair, tout intervenant sur l’un des trois marchés nationaux actuels passera et exécutera en direct (sans intermédiaire étranger) l’ordre de Bourse via un système informatique unique sur l’une des quelques 1 300 actions belges, françaises et néerlandaises traitées sur Euronext. L’établissement de la contrepartie et l’échange de titres contre espèces sera également assuré par un système unique. Réalisée en plusieurs phases, la mise en oeuvre définitive de cette fusion doit être achevée pour la fin du premier semestre 2002.

Le pourquoi de la création d’EuronextQuestions pratiques

La création d’Euronext est une petite révolution au sein du paysage boursier européen et de nombreux points d’interrogations subsistent pour les investisseurs particuliers. Questions ? Réponses.

Pour passer des ordres sur Euronext, dois-je changer d’intermédiaire financier ou puis-je conserver ma banque ?

Toutes les banques et sociétés de Bourses agréées par la Commission Bancaire et financière (CBF) sont normalement habilitées à traiter sur Euronext. Comme par le passé, certaines petites institutions se sont focalisées sur d’autres activités et ne s’occupent pas de transactions boursières. L’infrastructure et les exigences de capitaux nécessaires pour opérer en Bourse sont élevés et le seront encore plus avec Euronext : certaines fusions d’intermédiaires de petites taille sont donc encore probables.

Y a-t-il des changements au niveau de la passation des ordres sur Euronext ?

En ce qui concerne les actions, les types d’ordres seront très semblables. Trois nouveaux type d’ordre sont venus s’ajouter :

– l’ordre  » tout ou rien  » : il exige que l’ordre soit exécuté dans sa totalité et qui pourra être maintenu jusqu’à ce que cela soit le cas.

– Le  » stop loss  » : c’est un ordre de vente qui ne sera exécuté que si le cours descend en dessous ou atteint un certain niveau .

– L’ordre au prix du marché : il sera exécuté à tout prix, avec tous les risques que cela représente.

A noter que les horaires d’ouverture de la Bourse sont élargis de 9 h à 17h40.

Faut-il échanger ou faire estampiller les actions belges, néerlandaises ou françaises détenues sous forme matérielle pour pouvoir les vendre ultérieurement sur Euronext ?

Tous les titres actuellement cotés sur l’un des trois marché, le seront automatiquement sur Euronext. Il n’y a donc aucune démarche à entreprendre.

Quand dois-je effectuer le paiement des titres après exécution d’un ordre d’achat ?

La règle J+3 pour le paiement de la transaction et la livraison des titres actuellement en vigueur reste d’application. C’est en effet dans le cadre d’Euronext que cette règle a déjà été adaptée, entraînant la disparition du marché à terme sur la Bourse de Bruxelles et le règlement mensuel sur Paris.

Que devient l’indice BEL20 ? Va-t-il disparaître ? Quid des produits tels que fonds de placement et obligations liés au BEL20 ?

Le Bel20, indice représentatif de la Bourse de Bruxelles et qui reflète l’évolution de 20 valeurs vedettes de la cote bruxelloise, continuera d’exister, de même que ses homologues français et néerlandais, le CAC 40 et l’indice AEX. Les fonds, les sicav et les obligations dont l’évolution est liée à l’évolution d’un de ces indices continueront donc d’exister. Des fusions de fonds ou sicav ne sont pas exclues, mais il est plus probable que ceux-ci seront maintenus et que de nouveaux fonds ou obligations indexées seront créés sur la base des nouveaux indices Euronext.

Des exemples de nouveaux indices ?

– Euronext 100 : cet indice existe déjà et reflète l’évolution des 100 plus grandes valeurs des 3 Bourses confondues. Les critères de sélection sont la taille (capitalisation boursière, soit le nombre d’actions multiplié par le cours de Bourse) et l’importance des transactions réalisées (liquidité). Bien entendu, les valeurs belges y sont relativement peu représentées. Seules Agfa-Gevaert, Fortis, Dexia, Electrabel, Delhaize, Interbrew, Solvay, UCB et GBL en font partie.

– Next 150 : même principe, mais pour les 150 valeurs suivantes.

D’autres indices seront composés sur la base des segments de marché Next economy et M-Prime : seront reprises sous ces segments des actions répondant à des critères plus qualitatifs que quantitatifs. Les sociétés retenues devront, par exemple, publier des résultats trimestriels et utiliser des standards comptables internationaux. Le Next economy englobera les valeurs appartenant à des secteurs tels que les télécoms, l’informatique, l’Internet, les semi- conducteurs… Le segment M-Prime concernera les PME de secteurs plus traditionnels qui répondent aux critères d’information mentionnés ci-dessus et qui sont cotées en continu (par opposition à la méthode de fixing qui n’implique que deux cours par jours).

Qu’adviendra-t-il des warrants, certificats fonciers, obligations, cotés actuellement à Bruxelles ? Passent-ils également dans Euronext ?

Oui. Tout ce qui est actuellement coté sur l’une des trois Bourses sera coté sur Euronext. Le segment  » cash  » comprendra tous les produits pour lesquels le règlement final de l’opération s’opère 3 jours après l’exécution (J + 3), c’est-à-dire les actions (premier et second marché), les obligations d’Etat et les privées, les warrants, les fonds cotés et les certificats fonciers. En feront également partie la plupart des actions jusqu’à présent cotées sur l’Euro.NM des actions de croissance, seules quatre étant admises sur le marché continu.

Le segment  » derivatives  » englobera tous les produits dérivés, options et futures, actuellement essentiellement cotés à Amsterdam (EOE).

A noter que le Nasdaq Europe (ex-Easdaq) constitue un marché séparé. Il est situé à Bruxelles mais il n’a jamais fait partie de la Bourse de Bruxelles et n’est donc pas compris dans la fusion.

Quel impact Euronext aura-t-il sur les actions belges ? Celles-ci, en retard sur la plupart des autres bourses européennes depuyis deux ans, vont-elles se redresser ?

Globalement, l’avènement d’Euronext est une bonne chose pour les actions belges mais l’ampleur de l’impact sur les cours de Bourse est difficile à estimer et pourrait s’avérer disparate.

A première vue, les valeurs belges reprises dans l’Euronext 100 devraient bénéficier de la création d’une vague de nouveaux fonds et sicav, qui suivront cet indice. Il se pourrait cependant que des investisseurs décident de vendre leurs fonds d’actions belges pour opter pour des fonds Euronext, plus diversifiés géographiquement, ce qui provoquerait une certaine pression à la vente. De même, les actions belges qui entreront dans l’un des autres indices bénéficieront du lancement de sicav et autre produits indexés. En revanche, celles qui ne seront répertoriées nulle part risquent d’être les oubliées de la cote, d’autant plus que, par rapport à la situation actuelle, le nombre d’alternatives sera nettement plus élevé.

La création d’Euronext permettra-t-elle une réduction des frais de transaction ?

La compétitivité accrue, et donc le fait de pouvoir être meilleur marché par rapport à la plupart des autres Bourses, est une des raisons de la fusion. Une étude réalisée pour le magazine américain Institutional Investor montre que la nouvelle entité devrait s’avérer la Bourse la moins chère en Europe et la deuxième au niveau mondial après la Bourse de New-York. En 1999, la Bourse de Paris, grâce à son système de transaction électronique NSC, ressortait déjà au deuxième rang. Or c’est ce système informatique qui a été choisi pour Euronext. Cette enquête a été réalisée auprès de quelque 150 institutions financières de part le monde.

Il faudra cependant encore être patient car l’essentiel des économies proviendront de l’intégration des processus de compensation (clearing) et règlement-livraison (settlement), laquelle ne sera vraisemblablement pas terminée avant le second semestre 2002. Le tout sera alors de voir dans quelle mesure les institutions financières vont répercuter les économies de coûts réalisées sur les frais comptés à l’investisseur particulier.

La mise en place d’Euronext permettra-t-elle un accès aux introductions en Bourses françaises et néerlandaises auxquelles il est actuellement à peu près impossible de participer ?

Malheureusement, non. Il n’est pour l’instant pas question d’un contrôle central des opérations qui touchent Euronext et les autorités de contrôle resteront nationales. Dès lors, l’approbation d’un prospectus d’émmission et toutes les autres formalités qui entourent une introduction en Bourse resteront du ressort, en France, de la Commission des Opérations de Bourse (COB), aux Pays-Bas de la Stichting Toezicht Effectenbezitters (STE) et en Belgique de la Commission Bancaire et Financière (CBF) selon que la société entre sur le marché via Euronext Paris, Euronext Amsterdam ou Euronext Brussels. Malgré le marché unifié, trois portes d’entrée continueront en effet à subsister avec leurs propres cadre réglementaire et fiscal. Les trois autorités ont cependant annoncé un protocole d’accord afin de créer un cadre opérationnel commun pour l’harmonisation et la coordination d’Euronext, mais la teneur exacte de ces engagements n’est pas encore très claire à ce jour. Il ne semble en tout cas toujours pas prévu de rendre toute émission accessible aux investisseurs des trois pays.

Le seul grand reproche que l’on puisse adresser à Euronext est, d’ailleurs, de ne pas offrir un cadre réglementaire unifié et une institution de contrôle unique, ce qui assurerait une véritable cohérence du marché et l’accès aux introductions en Bourse. De toute façon, tant que le clearing et le settlement ne seront pas unifiés, des actions telles que Danone ou Alcatel cotées à la fois à Bruxelles et à Paris garderont deux lignes de cotation séparées.

Malgré cela, Euronext est le premier pas vers une Bourse européenne digne de ce nom. Cette évolution semble désormais inéluctable dans le cadre d’une globalisation de plus en plus prononcée de l’économie et d’une concurrence de plus en plus forte de la part des Bourses américaines. Après les échecs des tentatives de fusions entre les Bourses de Francfort et de Londres, d’autres expériences devraient avoir lieu. Euronext est ainsi en pourparlers avec la Bourse de Lisbonne. Une évolution encourageante pour l’investisseur particulier.

Si vous disposez d’une connexion internet, vous pouvez trouver des informations détaillées sur le fonctionnement et l’état d’intégration d’Euronext sur le site www.euronext.com

Fabienne Maes/Budget Hebdo

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