En attendant Obama

Le successeur de Bush a promis un revirement radical en matière de protection de l’environnement. Ses bonnes intentions résisteront-elles à la crise ?

Voilà un mois qu’il ne quitte plus son quartier général de Dearborn Street, dans le centre de Chicago, mais l’ombre de Barack Obama s’est étendue jusqu’à Poznan (Pologne), siège, du 1er au 12 décembre, de la conférence internationale sur le climat. Huit ans après l’anéantissement du protocole de Kyoto par George Bush, 11 000 délégués venus de 190 pays ont rallié la ville polonaise avec l’espoir d’un signe fort de la  » nouvelle  » Amérique. Car, aux Etats-Unis comme ailleurs, la crise financière et la récession mondiale ont eu raison des bonnes résolutions écologiques, notamment en réduisant les budgets des Etats.

Le prochain président américain sait aussi que la chute du prix de l’essence ramène ses compatriotes en masse sur les routes. Malgré tout, il a réitéré son engagement d’ériger son pays en leader de la protection de l’environnement et des technologies vertes.  » Nous passons de l’état de choc à l’état second, remarquait-il, peu après son élection. Le pétrole monte et tout le monde s’active, il redescend et nous recommençons à remplir nos réservoirs comme si de rien n’était. Voilà pourquoi nous ne progressons pas.  » Loin de dissuader la nouvelle administration, la crise et la montée du chômage à un niveau (6,7 %) inconnu depuis la récession de 1993 l’encouragent au contraire à faire de l’environnement un point essentiel de son plan de relance de l’économie par une vague de grands travaux.

 » Nous amassons les idées pour le président « 

En deux ans, 500 milliards de dollars seront investis dans la modernisation d’infrastructures décaties, mais surtout dans de nouvelles centrales électriques et dans une batterie de dégrèvements fiscaux concernant l’isolation thermique des logements, les énergies alternatives, la production et l’achat de véhicules électriques ou hybrides.  » Nous amassons les idées, assure Carol Browner, la « Mme Environnement » d’Obama, car le président s’y attellera dès son entrée en fonctions, le 20 janvier. « 

La marge de man£uvre du futur président sera confortable, tant l’ampleur du marasme repousse l’énorme déficit budgétaire américain au second rang des préoccupations. Mais il lui faudra convaincre le Congrès de voter les mesures punitives prévues dans son programme. Celles-ci concernent avant tout les entreprises les plus polluantes et visent à réduire de 80 %, avant 2050, leurs émissions de gaz à effet de serre. Sauf qu’il sera peut-être difficile, par ces temps de chômage, de sanctionner trop lourdement les fautives…

Le projet, lancé en 2006, d’atteindre l’indépendance énergétique totale des Etats-Unis en dix ans, au prix d’un effort national digne de la conquête spatiale des années Kennedy, se heurte, lui aussi, aux réalités du moment. A 40 dollars le baril, contre 147 il y a seulement cinq mois, le pétrole du Moyen-Orient est si bon marché qu’il compromet l’émergence des sources d’énergie renouvelables. l

Philippe Coste

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