En attendant les politiques

Sur le terrain, francophones et Flamands multiplient les projets communs. Mais il est nécessaire que les politiques entrent en scène et leur facilitent enfin la tâche.

Quel est le point commun entre la Zinneke Parade, le très cosmopolite KunstenFestivaldesArts, BXLBravo, les échanges de coups de c£ur musicaux entre l’AB et le Botanique ? La coopération entre des artistes et des institutions francophones et flamandes, bien sûr ! A Bruxelles, de telles collaborations ont toujours existé. Le désir de travailler ensemble paraît même se traduire par des projets de plus en plus nombreux.

Ainsi, en septembre dernier, le Théâtre national et le KVS (le théâtre royal flamand de Bruxelles) ont présenté la deuxième édition de Toernee General, un festival en commun au sein duquel le KVS propose une sélection de spectacles francophones surtitrés, et vice versa.  » Avec nos voisins du Théâtre national, nous avons développé une formule qui permet à nos publics de découvrir ce qui se fait de beau et de fort dans l’autre Communauté « , détaille Jan Goossens, directeur artistique du KVS. La formule marche. Les spectateurs des  » deux bords  » répondent présent. Quant aux pouvoirs subsidiants, sans lesquels la culture ne peut pas survivre, ils semblent regarder toutes ces entreprises d’un £il bienveillant. Néanmoins, ils se contentent trop souvent d’une attitude passive.

 » Nos initiatives sont toujours bien accueillies, admet Jan Goossens. Cependant, cela ne veut pas nécessairement dire qu’elles sont soutenues par une vraie vision volontariste de la culture à Bruxelles. A la longue, cela devient un peu frustrant : on se sent récupéré par les hommes politiques. Ils applaudissent ces projets, mais ils ne créent pas le cadre grâce auquel des moyens financiers pourraient être dégagés afin d’aller plus loin. Or il faut savoir que ce genre d’opération engendre des investissements supplémentaires, notamment au niveau de la communication, de la médiation avec les publics et du surtitrage « .

Cent signatures pour un accord de collaboration

Dans la capitale, entre le niveau fédéral (responsable, entre autres, de la Monnaie et de Bozar), les Communautés, la Région (attentive au rayonnement de Bruxelles), et les communes qui possèdent, elles aussi, une compétence culturelle, une quarantaine de personnalités politiques sont concernées par ce secteur. Difficile, dès lors, d’accorder les violons !  » On s’est rendu compte qu’il ne fallait pas attendre du politique une prise de position claire sur la question « , constate Lissa Kinnaer, coordinatrice du Réseau des Arts à Bruxelles. Cette plate-forme de concertation est née, comme son homologue néerlandophone (BKO : Brussels Kunstenoverleg), dans l’émulation qui a suivi Bruxelles 2000, capitale européenne de la Culture :  » Pour qu’il y ait un jour une vraie vision en matière culturelle à Bruxelles, il nous faut élaborer nous-mêmes des propositions. « 

Les deux réseaux ont lancé une réflexion qui a abouti, en février 2007, à un accord de collaboration culturelle signé par une centaine de responsables d’institutions bruxelloises. Le RAB et le BKO travaillent actuellement à l’élaboration d’un véritable plan culturel pour Bruxelles. Il sera présenté au printemps de 2009.

 » Alors que les Communautés flamande et française ont des accords de coopération culturelle avec le Botswana et le Vietnam, elles n’en ont pas entre elles, lance la coordinatrice. Nous avons besoin d’un cadre politique et juridique. Il faciliterait les échanges et les collaborations. Il pourrait également simplifier le travail colossal des struc-tures mixtes, qui doivent jongler avec deux interlocuteurs et deux gestions différentes.  » Objectif : dépasser les querelles communautaires pour élever le débat et faire face aux passionnants défis d’une ville de plus en plus multiculturelle.

E.S.

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