Emplois bancaires: 2009, année de tous les dangers ?

Selon les spécialistes, plus de 2 000 emplois risquent de passer à la trappe cette année dans le secteur bancaire belge. Pourtant, malgré la crise, 2009 ne sera pas forcément une année noire.

Malgré les difficultés qui s’accumulent, aucune banque belge n’a encore fait part de ses intentions de licencier du personnel en Belgique. Les interventions du gouvernement ont, il est vrai, empêché que se produisent chez nous des faillites aussi retentissantes que celles de Northern Rock en Grande-Bretagne et de Lehman Brothers aux Etats-Unis. Le spectre des restructurations délaissera-t-il notre pays ? Pas si sûr. Voici une semaine, la banque néerlandaise ING a annoncé son intention de licencier 7 000 personnes à travers le monde. Rien n’a encore filtré sur l’effort qui sera demandé aux travailleurs belges du groupe. KBC, pour sa part, annonce 500 licenciements en Pologne. Dexia panse toujours ses blessures, et prévoit la suppression de 350 postes en Belgique. Quant à Fortis, la direction et les actionnaires brandissent chacun leurs propres chiffres. En résumé, entre 2 000 et 6 000 emplois pourraient passer à la trappe en 2009 dans le secteur bancaire belge. Mais ce tableau sombre doit être nuancé.

La banqueà autrement

Tout d’abord, les licenciements  » secs  » ne seraient probablement pas la piste privilégiée par les banques si elles voulaient réduire leurs effectifs. Un quart des travailleurs du secteur bancaire appartiennent en effet à la classe d’âge des 51-60 ans. Les départs à la retraite pourront donc absorber une partie du choc.

Par ailleurs, l’emploi ne sera pas forcément menacé dans les agences, dont on prédit la mort à chaque fois qu’une nouvelle technologie apparaît. La généralisation du  » PC Banking  » ne menace pas leur survie, assure une étude publiée le 17 février dernier par la firme de conseil Deloitte et la Vlerick School of Management. En revanche, elles devraient se transformer radicalement. Le profil du personnel employé risque de se modifier tout autant.

Quant aux spécialistes de la banque en ligne, ils recrutent toujours, à l’heure actuelle. La Deutsche Bank Belgium (DBB), par exemple, a engagé près de cent collaborateurs supplémentaires en 2008. Les  » outsiders  » du marché développent d’ailleurs leur propre modèle bancaire, aux antipodes de celui des agences traditionnelles.  » Certes, nous n’avons pas d’agences hormis notre siège de Bruxelles, reconnaît Thibault de Barsy, Sales & Marketing Director chez Keytrade Bank. Mais cela ne signifie pas que nous ne rencontrons pas nos clients. Au contraire : chaque année, nous organisons plus de 250 « info-sessions » à travers la Belgique.  » Quant à la Deutsche Bank, elle veut axer ses services sur le conseil à la clientèle, via son centre d’appel et son réseau d’agences.  » Nous formons notre personnel pour qu’il soit à même de comprendre les besoins de nos clients et de les conseiller, assure-t-on au sein de la banque allemande. Pour assurer le choix des produits les plus adaptés, nous ne récompensons pas la vente des produits les plus rentables, mais plutôt le volume des ventes indépendamment du type de produits. Par ailleurs, nous sélectionnons nous-mêmes les produits les plus performants sur le marché. « 

Il s’agit donc bien pour le secteur bancaire de se réinventer. Et les agences seront partie intégrante de leur stratégie pour l’avenir.

A quoi ressemblera l’agence de demain ?

L’étude Deloitte-Vlerick esquisse le profil de l’agence bancaire du futur. Ou plutôt des agences bancaires, car l’étude identifie deux orientations possibles. Pour les grandes banques traditionnelles (dites  » universelles  » et  » communautaires « ), les agences deviendront un élément du réseau commercial  » multicanal « . C’est-à-dire que leurs clients utiliseront l’Internet et le téléphone pour les opérations courantes et les produits commerciaux simples, mais que l’agence restera pour eux un point central pour acquérir des produits de placement ou d’assurance plus complexes. Avant de se rendre à l’agence, le client aura déjà consulté les offres sur le site Internet, lequel devra donc être convivial et aussi exhaustif que possible. Les  » banques directes  » (qui proposent déjà leurs services principalement en ligne et par téléphone) et les  » banques discount « , quant à elles, utiliseront surtout leurs agences comme des vitrines au service de leur image, et parfois comme des lieux d’accueil privilégiés pour leurs clients importants.

Quel que soit le modèle choisi, l’agence devra en tout cas proposer des rendez-vous en dehors des heures d’ouverture, un souhait émis par près de 40 % des clients. Et faire un gros effort pour fournir à ses clients un avis professionnel et impartial. Un service que 23 % des clients privés et 35 % des clients professionnels sont même disposés à payer !

Frédéric Wauters

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