Eliott, 7 ans, et Alix, 2 ans

Quatre pères et deux mères veillent sur ces deux enfants : c’est la coparentalité au carré…

Autour de la table, ils sont assez nombreux pour former une équipe de basket : Catherine et Adrienne, en couple depuis douze ans et mamans d’Eliott et d’Alix ; Pierre et Xavier, père et copap d’Eliott, et Damien, papa d’Alix, et compagnon de Dominique. Dans cette aventure à six, ce sont les filles, pleines de leur désir d’enfant, qui ont pris l’initiative, après avoir pesté une fois ou l’autre d’être des femmes  » parce que ça marche moins bien pour faire des bébés « .

Après des heures et des heures de discussion qui, additionnées, voient filer 18 mois, elles renoncent à l’adoption et optent pour la coparentalité.  » Il m’a semblé important que nos enfants aient des références paternelles et maternelles, explique Adrienne. L’insémination artificielle me mettait mal à l’aise : toute ma vie, j’aurais eu peur de croiser dans la rue quelqu’un qui ressemble à mon fils ou à ma fille et dont je me serais demandé s’il n’était pas son père.

Invités à fabriquer ensemble une petite merveille, les  » garçons « , comme elles les appellent, réfléchissent à leur tour. Pour Pierre, le désir d’enfant est une évidence. Il veut être père, et pas seulement donneur. Xavier, son compagnon, n’y a, lui, jamais songé. Leurs discussions durent, elles aussi, 18 mois, au bout desquels ils disent oui.  » On s’est engagés à quatre, chacun avec ce qu’il voulait et ce qu’il pouvait, résume Pierre. On était sur la même longueur d’onde pour les finances, l’école, la religion, les gardes alternées. On a pensé à tout jusqu’à l’entrée à l’école secondaire. D’ailleurs, depuis qu’Eliott est né, on n’a presque plus jamais parlé des modalités pratiques de notre coparentalité. « 

Un week-end sur deux, tous les mercredis après-midi et la moitié des vacances, Eliott grandit chez ses deux pères. Le reste du temps, il vit avec Adrienne et Catherine, et sa petite s£ur Alix.  » Eliott pose peu de questions parce que tout est clair. Il sait qu’il vit dans une famille particulière. Mais il voit autour de lui les gardes alternées se multiplier parmi ses copains de classe, dans des couples hétéros. « 

Vient le jour où Adrienne, plus jeune que Catherine, souhaite à son tour porter un bébé. Pierre et Xavier, à nouveau sollicités, déclinent la proposition.  » Nous voulions la même formule que pour Eliott, détaille Adrienne : il nous fallait trouver non seulement un futur parent mais aussi un ami, avec qui nous aurions des valeurs communes. Quelqu’un de bien.  » Ce sera Damien.  » En tant qu’ami, raconte celui-ci, j’avais vu fonctionner la première coparentalité. Quand les deux filles m’ont proposé d’être le père d’un de leurs enfants, je n’ai pas accepté tout de suite. J’étais célibataire à l’époque et je trouvais que ce n’était pas simple d’élever un enfant seul. Mais en même temps, je tenais là une chance unique de devenir père.  » Les choses ont changé depuis lors : vingt jours après la naissance d’Alix, Damien rencontre Dominique, qui entre dans la danse. Alix l’appelle Dido.

Ainsi donc, les voilà à six adultes pour deux enfants. Aux réunions de parents, à l’école, tous sont présents. Aux fêtes scolaires aussi. Rien n’est tu, rien n’est caché. Et tous les mercredis en fin de journée, ils partagent, ensemble, l’apéro.

L.v.R.

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