CÉSAR BOTERO GONZÁLEZ, MILITANT DU PS - LICENCIÉ EN SCIENCES POLITIQUES ET SCIENCE DES RELIGIONS

Elio Di Rupo doit démissionner

Les grands propriétaires du PS et son président à vie refusent le débat avec les militants de base. Ce refus m’oblige à rendre publique mon opinion. Je ne suis que le porte-parole de moi-même, mais ils sont nombreux, les militants, à partager mes propos.

Le socialisme est censé incarner l’espoir d’une société plus libre, plus juste, plus accueillante, plus solidaire et plus respectueuse de l’éthique, face à un libéralisme agressif et conquérant. Mais la déception est grande. Plus les libéraux font du libéralisme, moins les socialistes font du socialisme et plus le populisme avance.

Paul Magnette, adepte de la méthode Coué ou d’autohypnose, prétend que  » la gauche ne meurt jamais « . C’est probable, mais la santé de la droite et de l’extrême droite est partout meilleure. Elle est même insolente. L’affaire Publifin, une de plus, est la conséquence d’une culture de la gouvernance que les grands propriétaires non tricheurs du parti n’ont pas réussi à éradiquer. Leur incapacité à imposer une éthique, conforme aux objectifs du socialisme, fait partie du problème PS. Le CDH et le MR ne sont pas non plus modèles à suivre, mais comme disait Paul Magnette dans une de ses déclarations :  » Il y a, à notre égard, une exigence éthique beaucoup plus forte qu’à l’égard de la droite.  »

En quoi consiste cette gouvernance si mal en point ? Que peut-on reprocher au PS quand l’affaire Publifin semble n’être que la partie visible d’une pourriture plus vaste et plus profonde ?

1. Le PS n’a pas un projet phare, un projet mobilisateur à long terme capable d’encourager les énergies pour la conquête des jours meilleurs. Les temps ont changé, la démocratie doit évoluer, mais le PS vit dans un autre monde.

2. Il n’y a pas de débats entre les grands propriétaires du parti et les militants de base. Elio Di Rupo l’a reconnu et c’est pour cela qu’il a lancé le Chantier des idées, mais celui-ci n’a pas atteint ses objectifs. Les militants ne peuvent pas débattre avec Elio Di Rupo, Laurette Onkelinx, Paul Magnette… Cela ne se fait pas.

3. Les militants ont manifesté en maintes occasions leur opposition aux dérives et aux dérapages propres aux partis traditionnels et au PS en particulier : cumuls des mandats (jusqu’à 60 pour certains), mandats sans limitation dans le temps (20, 25, 30 ans…), les candidats uniques aux postes de direction qui se font élire avec des scores staliniens, dans le plus pur style MR. Le manque de transparence, les revenus occultes, disproportionnés et sans obligation de travailler comme nous venons de le voir avec Publifin. Le copinage, le clientélisme, les conflits d’intérêts, la lutte des clans, etc. Les grands propriétaires savent que ces critiques sont bien fondées puisqu’ils connaissent le parti de l’intérieur et depuis longtemps, mais ils ont intérêt à ne rien changer. Pourquoi scier la branche sur laquelle ils sont perchés ?

4. Une éthique fausse et sur mesure qui comprend notamment des principes tels que  » les fautes des uns justifient les fautes des autres  » ou encore  » l’honnêteté des uns compense la malhonnêteté des autres « . Tout ce qui est légal est éthique. Si une instance légale accorde des traitements mirobolants et parfois sans obligation de contre-prestation, c’est légitime parce que la décision est conforme à la loi. Non, tout ce qui est légal n’est pas éthique. Pour certains, l’addiction à l’argent est plus forte que l’adhésion aux principes. Les corrompus ne guérissent pas de cette dépendance.

Conclusion

Il faut repenser la démocratie, le socialisme et la stratégie pour faire face aux nouvelles exigences du siècle. Le combat politique du PS ne peut se limiter à un crêpage de chignons entre nos dirigeants et ceux des autres partis, à coups de petites phrases assassines. Les nouveaux défis exigent la transformation du PS de fond en comble. Ce travail, ardu certes, ne peut pas venir d’en haut. Les grands propriétaires du parti ne sont pas tous coupables de mêmes dérives, mais ils ont un point en commun : ils ne sont pas crédibles, ils ne feront pas maintenant ce qu’ils auraient dû et pu faire plus tôt. Cela fait longtemps qu’ils occupent la scène politique au bénéfice d’eux-mêmes, mais leur image s’est figée et leurs promesses ne mobilisent que leur clientèle. Je ne les vois pas se battre sur  » le terrain de la lutte des classes  » (art. 1 des statuts du PS), mais sur celui de la course aux privilèges et au pouvoir.

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