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Du nouveau au pays du fitness

Le Crossfit connaît un succès important et se présente comme la discipline  » la plus complète « . Que penser de cette assertion ?

Le Crossfit : un concept global novateur complet. Une philosophie de vie qui permet la réalisation de tous les objectifs personnels – perte de poids, amélioration des prestations physiques ou de la santé… – aussi bien chez les débutants que chez les adeptes de l’activité physique. Vraiment ? En réalité, la différence entre le Crossfit et les programmes d’entraînement et d’accompagnement qui existaient déjà dans bien des centres de fitness reste assez limitée…

Haute intensité

Le Crossfit repose principalement sur l’entraînement par intervalles à haute intensité (HIIT), qui améliore la force et la condition physique par de (très) brèves séries d’exercices. Le principe : stimuler le renforcement des muscles par des efforts explosifs, mais tellement limités dans le temps qu’ils ne leur infligent pas de dommages.

Ce mode d’entraînement intéressant a aussi ses limites, dont on parle trop peu : les efforts explosifs comportent un risque élevé de surcharge. Il convient donc de surveiller les limites de l’individu (difficile dans le cadre d’un entraînement en groupe), car un effort léger pour l’un sera déjà trop lourd pour l’autre.

S’ajoute à cela que bien des adeptes du fitness continuent à se fier aveuglément au principe du  » no pain no gain  » ( » pas de gain sans douleur « ). Cette approche peut apporter une satisfaction intense, certes, mais aussi d’importants dommages musculaires. Et plus ces dommages sont importants, plus il faut de temps pour s’en remettre.

Lorsque le HIIT est pratiqué dans les règles de l’art, il ne provoque pas ou guère de dommages et permet d’entamer la série suivante assez rapidement (comprenez, après un jour ou deux), soit bien moins longtemps qu’après un effort lourd et prolongé. Tout est question d’équilibre entre charge et repos, afin de laisser aux muscles le temps nécessaire pour se reposer et se renforcer.

Des effets indésirables…

Un second aspect positif du Crossfit réside dans sa combinaison de force et d’endurance. Prenez l’exemple des sportifs d’endurance : ils s’effondrent souvent lors d’épreuves de force. Pourtant, on sait de longue date que leurs performances s’améliorent lorsqu’ils se soumettent également à un entraînement de force. Cependant, dans le Crossfit, l’endurance est insuffisamment travaillée. De plus, un entraînement prolongé à un rythme modéré peut apparaître comme barbant et surtout un peu ringard en comparaison avec les efforts de force qui permettent de rouler des mécaniques…

Le récent engouement pour le Crossfit suscite aussi une certaine méfiance. Le succès du  » start-to-run  » avait en effet été suivi d’une épidémie de lésions de surcharge d’autant plus regrettable qu’il n’y a rien de pire qu’une blessure pour étouffer dans l’oeuf des ambitions sportives naissantes.

Blessures graves

D’un autre côté, le risque de blessure n’est pas plus important dans le Crossfit que dans d’autres sports1,2. Il faut néanmoins ne pas exagérer avec les poids, car les lésions des épaules et du dos ne sont pas rares3 et parfois passablement graves, avec à la clé des mois de revalidation ou même une opération. Cela dit, le fait que les adeptes du Crossfit se blessent plus souvent que les haltérophiles donne à penser que le problème vient plutôt d’une mauvaise technique que du poids en lui-même4. Ces incidents sont aussi plus fréquents chez les jeunes5 et chez les  » crossfitteurs  » expérimentés1. La faute, probablement, à un côté un peu fanfaron…

Si les femmes, moins enclines à frimer, sont moins sujettes aux lésions du dos et des épaules5, elle courent un risque plus élevé d’incontinence urinaire liée à une faiblesse du plancher pelvien6, comparable à celui observé chez les haltérophiles. Elles ont donc intérêt à pratiquer des exercices préventifs de renforcement du plancher pelvien.

Enfin, soulignons qu’on n’est jamais trop vieux pour s’y mettre, car rien ne donne à penser que le risque de lésions augmenterait avec les années.

Références sur demande auprès de jan.etienne@bodytalk.be

Du nouveau au pays du fitness
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Une méthode, une marque

CrossFit est une méthode et une marque commerciale, développée dans les années 90 par le couple américain Greg et Lauren Glassman. Les entraîneurs des clubs CrossFit doivent avoir au moins un diplôme  » CrossFit niveau 1  » dispensé durant un week-end de formation dans l’entreprise CrossFit (1000 ?). Les formateurs doivent repasser leurs examens tous les 5 ans. Pour tenir une école CrossFit, il faut payer 2700 ? par an à la maison mère américaine. L’année dernière, on comptait 15.000 écoles CrossFit dans 150 pays.

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