Du houblon dans les veines

La famille Ségard est à l’origine de la brasserie Labor, réputée à Mons et dans toute la région. Même les chevaux de l’entreprise sont mis à contribution pour tirer le Car d’Or lors du Doudou.

« Cette odeur de houblon et de malt, c’est, pour moi, un peu comme les madeleines de Proust. Dès que je sens de la bière, je repense à mon enfance « , témoigne Marie-Louise Ségard. Son arrière-grand-père se prénomme Célestin. Au début du xxe siècle, il ouvre une brasserie à Meslin-l’Evêque, près d’Ath.

Valère, le fils de Célestin, prend goût à la bière et reprend la société. Très vite, au début des années 1920, il s’allie avec une autre famille de brasseurs, les Deflandre, de Braine-le-Comte. Ils fondent la brasserie Labor-Hainaut Réunies, ou brasserie Labor. Valère en est l’administrateur délégué.

Avec sa haute cheminée, l’entreprise située sur la chaussée de Binche à Mons est visible de loin.  » C’était un bâtiment superbe. On y fabriquait de la bière de haute et de basse fermentation, la Hanna pils… Il y avait aussi de la bière de table dénommée Triple blonde. Trois têtes de femmes blondes décoraient son étiquette « , raconte Marie-Louise.

Après l’arrivée du fils de Valère, Jacques, la société prend très vite de l’ampleur.  » Elle est devenue la brasserie la plus importante de Mons et de sa région, voire du Hainaut. Tout le monde la connaissait « , sourit Marie-Louise. La brasserie Labor est même impliquée dans la plus grande fête montoise, le Doudou : les chevaux de la brasserie qui tiraient les charriots de fûts de bière à distribuer dans les rues de Mons étaient également mis à contribution pour tirer le Car d’Or sur la Rampe Sainte-Waudru.

Cette tradition disparaît lorsque l’entreprise familiale change de visage. Elle fusionne avec les brasseries Caulier et Impérial en 1964, donnant naissance à la brasserie de Ghlin. Des difficultés se font jour : la brasserie vend trop peu de marchandise par rapport à sa production.

En 1967, Jacques-Valère, le frère de Marie-Louise, entre dans la société. C’est un ingénieur agronome, spécialisé en brasserie. Cette année-là, le brasseur américain Schiltz rachète la société mais il fait faillite trois ans plus tard. La brasserie de Ghlin est reprise par Artois et Piedb£uf et devient Brassico. Nous sommes en 1970. Jacques-Valère restera encore quelques années au service de Brassico qui n’a plus rien, alors, d’une entreprise familiale. Depuis, plus aucun Ségard ne travaille dans le secteur de la brasserie.

L. Du.

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