Du fondeur de cloches au recteur de Polytech

Dans ce clan, anobli en 1678, on trouve de tout. Mais toujours des personnages surprenants.

Il y a tout eu dans cette famille : un explorateur, un botaniste, un recteur…  » Et même un fondeur de cloches « , sourit Françoise Houzeau de Lehaie, issue de l’une des plus anciennes familles patriciennes du Hainaut.

Les Houzeau sont connus dès le xve siècle. Après Pierre, le fondeur de cloches du début du xvie siècle, la famille compte de nombreux gens de robe. En 1678, les Montois, dont Nicolas Houzeau, soutiennent leur gouvernement et l’armée espagnole lors du premier siège de Mons et lors de la bataille de Saint-Denis contre Louis XIV. Nicolas est alors anobli par Charles II d’Espagne, qui rend ainsi hommage, à travers les magistrats dont il est, à la bravoure et à la fidélité des Montois.

Au milieu du xixe siècle, les frères Auguste et Jean-Charles donnent une nouvelle dimension à la famille.  » Jean-Charles était un astronome brillant et un autodidacte sans formation universitaire : il a quitté l’ULB (Université libre de Bruxelles) parce qu’il ne pouvait pas se plier à la discipline « , indique Claude Houzeau de Lehaie, le frère de Françoise.

Jean-Charles ne cesse d’écrire sur l’astronomie, puis travaille comme aide-astronome à l’Observatoire de Bruxelles, en 1846. Il est révoqué trois ans plus tard, probablement en raison de ses idées républicaines et socialistes. En 1857, il s’installe aux Etats-Unis où il milite en faveur de l’abolition de l’esclavage. Il rejoint ensuite le Mexique et la Jamaïque. Paradoxalement, alors que Jean-Charles est toujours républicain, le roi Léopold II le rappelle en Belgique, en 1874, pour prendre la place de directeur de l’Observatoire royal de Belgique, qu’il transférera à Uccle.

Le frère aîné de Jean-Charles, Auguste, côtoie aussi de nombreux républicains à Mons. Professeur de l’Ecole des Mines de Mons, il s’engage en politique et devient bourgmestre de Hyon entre 1867 et 1878 puis échevin de l’Instruction publique, de 1878 à 1884, à Mons.  » Issu d’une famille aristocratique, il participe pourtant à la création du Parti ouvrier belge en 1885 « , remarque Françoise Houzeau de Lehaie. Auguste est aussi élu député puis sénateur libéral, entre 1882 et 1900. Il passe ensuite dans les rangs socialistes et siège sous cette étiquette au Sénat, jusqu’en 1922.

Auguste transmet son amour pour la nature à l’un de ses fils, Jean. Cet explorateur, par ailleurs féru de préhistoire, parcourt le monde et en ramène des plantes rares en Occident, dont des spécimens de bambous et d’orchidées.  » Jean avait également rapporté d’Allemagne des arbres et arbustes de la Forêt-Noire. Pour cette raison, notre famille a été contactée par des officiels allemands, après la Première Guerre mondiale : ils voulaient créer un cimetière sur nos terres, à Saint-Symphorien, près de Mons, pour y enterrer leurs officiers tombés au combat dans la région. Ainsi, ceux-ci pourraient reposer dans un lieu semblable aux paysages de l’Allemagne. La famille a donné son accord, à la seule condition que ce cimetière puisse aussi accueillir des militaires anglais et alliés. C’est ainsi qu’a été créé le cimetière militaire de Saint-Symphorien « , relate Françoise Houzeau de Lehaie.

Pierre, un des neveux de Jean, était, lui, ingénieur métallurgiste. Il commence à enseigner à la Faculté polytechnique de Mons, puis en devient le recteur, entre 1952 et 1970. Il a d’ailleurs considérablement développé cette université, créant de nombreuses filières d’études et faisant construire des bâtiments, dont la cité estudiantine qui porte son nom. Il a également participé à la création de l’actuelle Université de Mons-Hainaut.

Toutes ces histoires de famille hantent encore aujourd’hui les couloirs du domaine familial montois, l’Ermitage. Entouré des plantes de Jean le botaniste.

L. Du.

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