Dr Philippe Vandermeeren,

généraliste et président du comité directeur du Cartel (syndicat majoritaire des généralistes)

« Il faut 9 milliards »

-Vous dites qu’il faut opérer un changement radical dans l’organisation des soins. Lequel?

-Actuellement, le point central de notre système de soins, c’est l’hôpital. Si on accentue un peu ce mouvement, tout va bientôt se dérouler là-bas! Cela ne sera profitable ni à la santé ni aux finances du secteur. Il est temps, plutôt, de réorienter la population vers des soins ambulatoires et de médecine générale. Pour cela, les généralistes ont besoin de vrais moyens.

-Qu’attendez-vous concrètement?

-Des honoraires majorés pour les actes intellectuels et des honoraires (ou des forfaits) destinés à couvrir les différentes assurées par les généralistes. Je pense, par exemple, à l’organisation des gardes. Si on veut une nouvelle politique de santé et de vrais soins performants en médecine ambulatoire, il faut en finir avec les demi-mesures qui euthanasient la médecine générale.

-A combien estimez-vous les dépenses nécessaires?

-Il faudra trouver de 3 à 4 milliards de francs par an, pendant trois ans. Sinon, il ne s’agira que d’emplâtres sur une jambe de bois: actuellement, la médecine générale est vraiment dans un état de décrépitude.

-Vous réclamez un échelonnement des soins: il s’agirait d’inciter les patients à voir leur généraliste avant un spécialiste. Cela ne risque-t-il pas de coûter encore plus cher à la société?

-Non. Cette idée repose sur le mépris que portent certains spécialistes au travail des généralistes. Il faut arrêter de croire que tout passage devant le généraliste entraînera, d’office, l’envoi ultérieur vers le spécialiste: nous sommes capables de régler de 50 à 60 % des problèmes. Actuellement, on vit à l’envers et les patients filent chez le spécialiste pour des « bêtises ».

-Qui s’oppose à ce système d’échelonnement?

-Un certain nombre de confrères spécialistes sont prêts à participer à un système de collaboration au sein duquel ils recevraient des cas sélectionnés et relevant vraiment de leurs compétences. Mais tous n’envisagent pas les choses de cette façon… D’autre part, on comprend bien que cela ne ferait pas l’affaire des gestionnaires d’hôpitaux, qui vivent de ce pompage de patients vers leurs structures (y compris à travers les urgences). Les mutuelles tiennent aussi un double langage sur ce problème. Enfin, dans la population, on a trop souvent l’impression qu’il est toujours préférable d’aller à l’hôpital voir un spécialiste. Lorsqu’on ouvre des consultations destinées aux diabétiques à l’hôpital, on renforce d’ailleurs cette idée. Pourtant, le généraliste garde, lui, une vision globale de toutes les pathologies du patient.

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