DOUCHE FROIDE

La finale opposant la Belgique à l’Italie s’est mal terminée. L’équipe  » Henin  » n’a pas tenu jusqu’au bout.

Innovatrice, l’ITF avait demandé à toutes les participantes de choisir la couleur de la Fed Cup et le rose a été élu. Ce n’est pas vraiment surprenant en ces temps. Et on a fait semblant de ne pas remarquer que cette couleur jurait avec le rouge des sièges et le bleu du court du Spiroudome de Charleroi.

Au début, de toute façon, tout semblait rose dans le ciel du Pays Noir. L’ambiance était bonne quand Kirsten Flipkens et Francesca Schiavone ont fait leur apparition dans le temple du basket surchauffé : plus de 6.000 Belges étaient prêts à pousser nos compatriotes vers une deuxième victoire en Fed Cup. Flipper n’a cependant pas brillé. Agée de 20 ans, elle est encore en pleine transition, entre les Juniores et la vraie vie professionnelle, même si elle a déjà signé quelques résultats prometteurs cette année. Elle s’est qualifiée à trois reprises pour des tournois du Grand Chelem et y a gagné un tour. Ce n’est pas une mauvaise entrée dans le circuit. Samedi dernier, elle a pourtant montré qu’elle avait encore un long chemin à parcourir. Celle qui émarge depuis peu au Top 100 a été trop frêle face à Schiavone (WTA 14), sur les plans physiques et tennistiques. Comme lors de ses matches précédents face à des membres du subtop, Flipkens s’est créé peu d’occasions, voire aucune.

 » Je n’ai rien à me reprocher. Je vais tenter de ne reprendre que les aspects positifs demain « , a-t-elle déclaré, en positivant.  » Kirsten a été impressionnée par les circonstances « , a expliqué le capitaine, Carl Maes, mettant ainsi le doigt sur la plaie.  » Ce problème, combiné à la force de Schiavone, a mué le match en spectacle à sens unique. Elle ne s’est libérée qu’en fin de partie et a pu quelque peu développer son tennis « .

Justine Henin-Hardenne connaissait sa mission : vaincre Flavia Pennetta (WTA 20) pour que la Belgique reste en course. La fiancée de Carlos Moya – l’Espagnol était aux côtés des Italiens dans la tribune – n’avait plus joué le moindre match depuis trois semaines, suite à une blessure au poignet gauche, mais elle n’en a rien laissé transparaître. A deux reprises, elle a pris l’avantage mais à deux reprises aussi, elle a gaspillé ses chances. Henin-Hardenne s’est révélée une vraie championne dans les moments-clefs. Après sa défaite en finale de l’US Open, il ne lui a fallu que deux jours de préparation sur la surface très rapide du Spiroudome pour prendre la mesure de l’Italienne de 24 ans, même si ce fut avec des hauts et des bas.  » Seule la victoire compte « , a souligné à juste titre Justine.  » Je reste sur une semaine difficile. Une infection oculaire a perturbé mes entraînements ici. Il n’était pas non plus évident de tourner la page de l’US Open pour me concentrer sur la Fed Cup « . Henin a pu compter sur le soutien de Carlos Rodriguez, qui avait quand même pris place sur le banc. Dans l’intérêt de sa pupille et de la finale, il a plus ou moins enterré ses différends avec Carl Maes. Toute aide était d’ailleurs la bienvenue. On l’a vu dimanche.

La grinta de Juju

Une fois de plus, Henin-Hardenne a été à la peine face à l’opposition italienne. Elle n’était pas en jambes mais elle a réussi à s’imposer, par sa force de caractère. Soutenue par un public déchaîné, la quintuple vainqueur en Grand Chelem a défait Schiavone. Comme Pennetta, elle a été victime de la malédiction Henin-Hardenne alors qu’elle menait au deuxième set. Celle-ci a choisi le bon moment pour hausser son niveau, la pression et ainsi pousser l’Italienne à la faute.  » Je savais que Francesca était fragile quand il s’agit d’achever le match « , a expliqué Justine.  » J’ai misé là-dessus, avec l’aide du public. En fin de match, j’ai retrouvé mon niveau tennistique et ma faim de victoire. C’était gagner en deux sets ou perdre en trois « .

Durant la joute, tout le monde s’était rendu compte que l’idole du public serrait les dents :  » J’avais mal au genou. Je traîne ce problème depuis un an et demi. Il est plus patent quand je joue quatre semaines d’affilée, sur des surfaces différentes par-dessus le marché. Malgré cela, je m’étais engagée à disputer cette finale, je ne voulais rien avoir à me reprocher au terme de ce week-end. Ce ne sera pas le cas non plus « .

Flipkens pouvait donc entamer avec un peu plus de sérénité le quatrième match, pourtant décisif, contre Mara Santangelo. Les Azzurri avaient dû remplacer Pennetta, blessée au poignet, par la débutante de 25 ans. Carl Maes aurait pu également effectuer un changement afin de ménager la Campinoise en prévision du double mais il préféra lui accorder l’occasion de se ressaisir après sa prestation moyenne du samedi. Au début, la tournure du match sembla lui donner raison. Flipkens semblait bien résister à Santangelo, directe mais moins mobile. Chaleureusement encouragée par KimClijsters, assise sur le banc, la numéro 2 belge s’adjugea le premier set, provoquant le délire. Las, trop de fautes inutiles et des choix étranges lui furent fatals, d’autant que Santangelo surmonta sa nervosité et son début difficile au troisième set pour égaliser : 2-2. Le sacre allait se jouer en double, comme tout le monde l’avait prédit deux jours auparavant.

Le double fatal

Le duo belge Henin – Flipkens n’avait pas les meilleures cartes : 1. Elles n’avaient encore jamais joué ensemble ; 2. Elles ne s’étaient pas entraînées au double en semaine ; 3. Aucune des deux n’a disputé le moindre match en double ces dernières années. De l’autre côté du filet, il y avait Schiavone, qui venait d’atteindre les demi-finales de l’US Open en double, et Roberta Vinci, spécialiste du double au quotidien…

Le tandem belge boiteux puisa encore une fois dans ses réserves. Mais le sort a frappé. Au deuxième set, le tennis de Flipkens s’est fait moins bon tandis qu’Henin avait épuisé ses forces, au point qu’elle fut contrainte à l’abandon au début du troisième set, à cause de ses maux de genou. Quelle douche froide ! D’autant que cela pourrait bien être une des dernières occasions de connaître le succès en Fed Cup,… devant le public belge par-dessus le marché.

L’année prochaine, la Belgique doit en effet se déplacer en Amérique à la mi-avril, au premier tour du groupe mondial. Kim et Justine auront-elles envie de s’imposer pareil déplacement au début de la saison européenne de terre battue, un mois après l’important tournoi de Miami ?

FILIP DEWULF

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