Distinguer racisme et histoire

Une chose est la lutte contre le racisme. Il n’y a pas débat, on l’espère, sur l’adhésion à la Déclaration universelle des droits de l’homme, à l’engagement pour les illustrer, les défendre, les faire progresser. Autre chose est de juger le passé, y compris dans les traces qu’il laisse dans le présent, sans autre considération que le prisme des valeurs morales du moment, car cela permet au présent de s’exonérer du même coup des aspérités tragiques d’une histoire dont il est issu, qu’on jette aux poubelles… de l’histoire. Lorsqu’on aura déboulonné toutes les statues de Léopold II, lorsqu’on aura brûlé Tintin au Congo et j’en passe, on aura gommé de l’histoire de Belgique son histoire coloniale. Et une nouvelle virginité, aseptisée mais fausse, en naîtra. Au fil du temps, les valeurs et les sensibilités varieront et les traces de l’histoire disparaîtront, inlassablement, laissant pour seuls témoins de rares Télétubbies, survivants consensuels en sursis provisoire. Privilégier le refus du repère à l’intelligence de la mémoire, c’est en réalité nier l’histoire. Et je crains pour Waterloo.

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