Di Rupo a le moral

Le onzième président du PS, à l’habit à la fois impeccable et décontracté, les cheveux d’ébène longs dans le cou et soigneusement gonflés, brûle d’un grand amour pour lui-même. Il serait sot de s’en cacher: il a le moral. Au lendemain des élections législatives de juin 1999, on le disait pourtant défait. Mais les communales d’octobre 2000 ont ramené la sérénité dans les rangs. A moins d’un sérieux renversement de tendance, le PS devrait rester le premier parti en Wallonie, et pourrait même – c’est cela le vrai enjeu de l’échéance électorale de 2003 – dépasser les libéraux en Communauté française. C’est que le travail accompli n’est pas mince: la maison socialiste s’est rénovée, plus discrètement que sa voisine libérale mais, semble-t-il, plus en profondeur. Hormis quelques poches de résistance dont la seule évocation rend Elio Di Rupo fou de rage: mieux vaut, par exemple, ne pas évoquer le retour de Guy Coëme sur la scène politique liégeoise!

Ce ne sont pas tant les gens qui ont changé – Jean-Claude Van Cauwenberghe, Laurette Onkelinx et Michel Daerden ne sont pas précisément des jeunes premiers – que le « fond de l’air », d’ailleurs devenu hostile à l’épanouissement de la rose emblématique désormais virée de l’enseigne socialiste. Aujourd’hui, c’est clair, le PS a abandonné ses combats ancestraux – lutte des classes, défense du prolétariat, protection des droits acquis, etc. – pour s’en aller pêcher dans les eaux plus poissonneuses, paraît-il, de la social-démocratie. Eh oui! Même le rôle de « bouclier de la sécurité sociale » s’efface devant une nouvelle antienne: l’Etat social actif. Cette position, qui rapproche objectivement les socialistes de la social-démocratie chère à… Louis Michel, émousse donc quelque peu le discours de la gauche. Lequel n’est sans doute pas le plus clair qui soit pour l’électeur. Ceci, joint au manque de visibilité socialiste au gouvernement – les portefeuilles ministériels détenus par le PS ne sont pas des plus « sexy » -, risque, à terme, de nuire au parti, s’il n’y prend garde. Le CVP, devenu CD&V, qui, durant des décennies, s’est comporté en « corps mou » de la démocratie, n’est sans doute qu’au début d’une longue et irréversible descente aux enfers. Un exemple qu’Elio Di Rupo devrait toujours avoir présent à l’esprit…

I.Ph. et Ph.E.

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