Deux collections à l’unisson

Quelle substance providentielle ! Jusqu’à la fin du mois d’août, le M-Museum Leuven accueille une trentaine de pièces maîtresses du musée de Bois-le-Duc (Pays-Bas). A l’origine de ce dépôt, d’importants travaux de rénovation fermant les portes de l’institution. Et, en conclusion, une splendide exposition.

L’alliance de ces deux collections exposées à l’unisson ne pouvait mieux tomber ! Un heureux hasard s’est chargé de programmer l’entreprise de rénovation du Noordbrabants Museum ‘s-Hertogenbosch en 2012. Un calendrier idéal : les villes de Louvain et de Bois-le-Duc sont jumelées depuis sept cent cinquante ans. Cette année célèbre donc l’anniversaire d’une amitié que ni les siècles ni les écueils de l’Histoire n’ont entachée. Des liens étroits et durables jusque dans les institutions muséales qui entretiennent entre elles, nous dit-on, d’excellentes relations. Preuve incarnée, leur dernier projet conjoint intitulé  » De Teniers à Ensor et au-delà « .

Dès lors que les deux musées partagent la conviction qu’il serait infiniment dommage de priver le public d’objets d’art exceptionnels pendant cette longue période de fermeture (l’inauguration du complexe entièrement rénové est programmée au tournant 2012-2013), le musée belge abritera donc les chefs-d’£uvre du Noordbrabants Museum. Un prêt d’une telle ampleur, et qui plus est à un musée étranger, n’est pas fréquent. Les démarches administratives et logistiques étant substantiellement facilitées lorsque l’on se cantonne à sa propre contrée. Qu’importe ! Les fleurons hollandais ont bien pris leurs quartiers à Louvain.

D’emblée, un parti fut pris. Il ne sera question d’aucune limitation… Le but n’étant pas de mettre à l’honneur un artiste, une école, une discipline ou encore une thématique spécifique. C’est tout l’inverse : l’exposition offre un beau panorama de l’art, de la fin du XVe siècle au milieu du XXe siècle, c’est-à-dire allant de bien avant Teniers à bien au-delà d’Ensor. Aux £uvres du M répondent celles de Bois-le-Duc. Un dialogue passionnant qui s’opère inversement. Magnifiques sculptures sur bois gothiques, vues de villes, natures mortes florales et scènes saisonnières… Tous les genres sont présents. En outre, l’histoire de l’ancien duché du Brabant – auquel appartenaient Louvain et ‘s-Hertogenbosch – constitue incontestablement le fil rouge de l’événement. L’un des points d’orgue est assurément La Rébellion des escrimeurs, de Jan van Diepenbeeck (vers 1600). Comme nul autre, ce tableau dépeint à quel point le XVIe siècle vit de nombreuses villes hollandaises déchirées entre rébellion et obédience, entre calvinisme et catholicisme. Le tumulte et l’ambiance de guerre civile y sont palpables.

Choisi pour illustrer toute la campagne et les supports visuels de l’événement, le tableau de Jan Sluijters (1881-1957) intitulé L’Anniversaire de Liesje. Dans un décor mêlant jouets et fleurs, l’artiste immortalise la cadette de ses enfants avec amour mais sans pour autant l’idéaliser. Son portrait trahit un caractère déjà bien trempé. Renommée pour sa palette chromatique délicate et affirmée, cette toile est aussi et surtout le tableau  » préféré  » des visiteurs du Noordbrabants Museum, faisant de cette petite l’icône de tout un musée.

De Teniers à Ensor et au-delà , M – Museum Leuven. 28, L. Vanderkelenstraat, 3000 Leuven, j usqu’au 26 août. www.mleuven.be

GWENNAËLLE GRIBAUMONT

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