Manifestation anti-Trump devant la Maison-Blanche: la tension n'est pas près de redescendre. © BELGAIMAGE

Deux Amériques antagonistes

L’issue de l’élection présidentielle, restée longtemps incertaine, confirme la minimisation du vote en faveur de Donald Trump par les sondeurs. Le scénario est le plus propice à des violences entre les deux camps.

Les sondages allaient-ils encore être pris en défaut? Toute la nuit électorale, les Américains ont navigué entre une réédition du scénario de la présidentielle de 2016 qui avait vu la victoire surprise de Donald Trump et une confirmation de la tendance sondagière des dernières semaines de campagne donnant finalement Joe Biden vainqueur.

Les premiers résultats confirmaient la division du pays entre une Amérique de la côte ouest et du nord de la côte est, plus urbaine, acquise aux démocrates, et une Amérique du centre et rural, fidèle aux républicains. L’issue du scrutin allait donc se jouer sur les dix fameux Etats en balance, Arizona, Caroline du Nord, Floride, Géorgie, Iowa, Michigan, Ohio, Pennsylvanie, Texas, Wisconsin. Mais dans ceux-ci, les résultats s’avéraient plus serrés qu’escomptés par les études d’opinion favorables à l’ancien vice-président démocrate. Ce constat écartait rapidement l’hypothèse du vague bleue.

L’Arizona (11 grands électeurs) basculait certes à gauche. Terre de républicains modérés, les démocrates bénéficiaient vraisemblablement de l’affront fait par le président Trump à feu John McCain, enfant du coin et sénateur de l’Etat, réduit au statut de looser de la guerre du Vietnam. Son épouse Cindy McCain y avait d’ailleurs appelé à voter Joe Biden. Mais le Texas (38 grands électeurs), l’Ohio (18) et la Floride (29) tombaient dans l’escarcelle du président sortant, ravivant l’espoir côté républicain. Dans le troisième Etat, la gestion erratique de la crise du coronavirus reprochée à Donald Trump n’avait visiblement pas l’effet dévastateur escompté sur le vote des retraités, tandis que le spectre du communisme agité en cas de victoire démocrate mobilisait à fond l’électorat d’origine cubaine, prépondérant dans la communauté hispanique (lire en page 10).

Beaucoup d’éléments étaient réunis pour électriser les jours d’après-élection. Avec tous les risques de confrontation possibles.

Dépouillement tardif en Pennsylvanie

Tout allait donc se jouer dans les derniers Etats-clés, et notamment dans ceux du nord-est, le Wisconsin, le Michigan, et la Pennsylvanie où les opérations de dépouillement, permises jusqu’à trois jours après le scrutin pour le vote par correspondance, étaient suspendues dans la soirée du mardi 3 novembre pour reprendre le lendemain. Joe Biden, depuis son quartier général de Wilmington, dans le Delaware, se disait confiant dans sa capacité à remporter ces Etats cruciaux. Une courte apparition publique à laquelle Donald Trump répondait, par tweet comme de coutume, en accusant: « On est devant et de loin. Mais ils essayent de nous voler la victoire. » Dans une conférence de presse depuis la Maison Blanche, il enfonçait le clou on affirmant péremptoire: « On a gagné cette élection », ajoutant l’accusation de fraude contre le camp démocrate et promettant un recours devant la Cour suprême, acquise au républicains.

Cette passe d’armes de nuit électorale, une manifestation d’anti-Trump devant la Maison Blanche, la tension palpable entre partisans des deux camps depuis des semaines, les promesses de recours en justice pour contester certains aspects du vote…: beaucoup d’éléments étaient réunis pour électriser les jours d’après-élection. Avec tous les risques de confrontation si les résultats tardaient à désigner un vainqueur ou si les écarts étaient si serrés qu’ils suscitaient des réclamations. Pour la seule nuit électorale, c’est Donald Trump qui sortait à coup sûr gagnant: le fantasque président milliardaire a une nouvelle fois déjoué les sondages.

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