Des peintres, mille sabords!

Guy Gilsoul Journaliste

Dans le panorama de l’art actuel, la peinture reprend du poil de la bête. Les trois artistes évoqués, ici, avaient 20 ans dans les années 1975- 80. Et ils ont chacun emprunté des chemins différents

Dario Caterina

La peinture façon Dario Caterina procède d’une longue tradition de l’expressionnisme (de Constant Permeke et Auguste Mambour à Richard Lindner et Pat Andrea). Le dessin est primordial. C’est lui qui détermine les contours, le modelé des figures et même la structure, ici éclatée, de la composition. Ensuite vient la peinture à la manière d’un recouvrement, hier dans les teintes de terre, aujourd’hui de blancs. Le recours récent au collage d’une photographie découpée puis surpeinte n’est pas, en soi, une révolution mais le développement d’une pratique visant à construire une image cohérente, monumentale, immédiatement perceptible et… énigmatique.

Galerie Bastien, 61, rue de la Madeleine, à 1000 Bruxelles. Jusqu’au 17 février. Du mardi au samedi, de 11 heures à 18 h 30. Tél.: 02-513 25 63. Aperçu rétrospectif à la Fondation pour l’art belge contemporain. Cité Fontainas (porte de Hal). Jusqu’au 16 février. Du mercredi au samedi, de 15 à 19 heures. Tél.: 02-537 34 16.

Pia Fries

Ici, la couleur domine, intense, contrastée, lumineuse. Mais, plutôt que d’opter pour une manière, l’artiste suisse multiplie les différences de textures, d’épaisseurs, d’intensités, au point de provoquer l’incohérence, voire le chaos. Cela pourrait être un défaut si on appliquait ici les critères de la peinture moderne. Mais le surgissement subit, dans notre perception, d’un contour qui rappelle une jambe, une silhouette, une perspective, vient compliquer la donne. En réalité, comme l’Allemand Gerhard Richter, dont elle fut l’élève, Pia Fries évite la spontanéité ou l’impulsion, au profit d’une construction méthodique et contrôlée qui voudrait donner aux formes abstraites le statut d’images à regarder et à interroger comme porteuses d’une histoire et d’un sens. Une image qui refléterait alors l’ambiguïté de l’approche émotive ou formaliste, par exemple, de la peinture.

Galerie Rodolphe Janssen, 35, rue de Livourne, à 1050 Bruxelles. Jusqu’au 16 mars. Du mardi au samedi, de 14 à 19 heures. Tél.: 02-538 08 18.

Pascal Courcelles

A regarder les toiles de Pascal Courcelles tout en épaisseurs et petites notes colorées, on songe, à la fois, aux Jardins de Claude Monet et aux matiérismes d’Eugène Leroy. On a tout faux. S’il est vrai que l’artiste bruxellois s’est pris de passion pour la culture des roses (comme Monet) et qu’il travaille en épaisseurs (comme Leroy), c’est avant tout son caractère épicurien qu’il s’agit de retenir pour approcher cette exposition. La recherche du plaisir et de l’aventure a en effet toujours guidé une oeuvre qui ne s’exprima pas dès l’abord par la peinture, mais par des installations vouées à l’éphémère. Il s’agit donc moins pour lui de construire un espace, d’exprimer son énergie ou de provoquer la réflexion que de se laisser porter par les lentes et progressives métamorphoses d’une pâte gorgée de bleus et de roses, de rouges et de jaunes changeants au fil des heures et des saisons. Un jour, tout à sa concentration, le peintre prit en main un morceau de couleur tombée sur le sol de l’atelier. Sans y penser, il en fit une petite boulette comme on le fait avec la mie de pain. Puis il se prit à ce jeu et se souvint des boules de neige. Il peignit alors sur un support sphérique qu’il s’amusa à tourner en tous sens, l’enrichissant à chaque passage d’un peu de couleurs supplémentaires. Ses dernières oeuvres étaient nées. Galerie Fred Lanzenberg, 9, avenue des Klauwaerts, à 1050 Bruxelles. Jusqu’au 23 février. Du mardi au samedi, de 10 heures à 12 h 30 et de 14 à 19 heures. Tél.: 02-647 30 15.

Guy Gilsoul

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