Des orchestres pour de meilleures notes

Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Le Venezuela y croit depuis trente ans, la France l’a découvert ces dernières années : la pratique collective de la musique contribue à l’amélioration des résultats scolaires et des relations entre élèves. Dès la rentrée 2009, la Belgique tentera l’expérience des orchestres à l’école.

Depuis 2001, le Collège des explorateurs de Cergy, au nord de Paris, fait régulièrement l’objet d’un reportage au journal télévisé des chaînes françaises. C’est en effet dans cet établissement situé en Zone d’éducation prioritaire – l’équivalent de nos  » écoles en discrimination positive  » – qu’a été lancée l’opération Orchestre à l’école. Le principe : les élèves reçoivent des instruments en prêt pour deux ou trois années et consacrent trois heures par semaine à la pratique musicale, sous la direction d’un chef d’orchestre. Ce projet, lancé par Jean-Claude Decalonne, créateur d’une société de distribution d’instruments à vent, a, depuis, prouvé que ses vertus dépassaient largement l’enrichissement artistique des élèves : apprentissage du travail en équipe, développement de l’estime de soi, de la rigueur et de la persévérance… Autant d’éléments indispensables pour réussir, à l’école comme dans la vie.  » Les élèves changent  » ;  » En déchiffrant les partitions, ils ont progressé en lecture  » ;  » Il n’y a plus de problèmes de discipline ou de comportement  » : les professeurs ne tarissent pas d’éloges sur les effets du projet et, de leur côté, les musiciens en herbe en redemandent. L’enthousiasme semble faire tache d’huile : aujourd’hui, sur l’ensemble du territoire français, 350 écoles ont démarré une classe-orchestre.

Autre symbole médiatique de la  » rédemption par la musique  » : Gustavo Dudamel. A 29 ans, ce chef d’orchestre vénézuélien s’apprête à prendre la tête de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles. Les scènes du monde entier se l’arrachent, du Carnegie Hall de New York à la Scala de Milan. Dudamel est le fruit le plus visible d’El Sistema,  » le Système  » mis au point au Venezuela dans les années 1970 par José Antonio Abreu. Ce musicien visionnaire rassembla un jour une dizaine de jeunes pour une répétition dans un parking souterrain. Trente ans plus tard, El Sistema, financé par le gouvernement, emploie des milliers de professeurs de musique. Et dans les bidonvilles de Caracas, les enfants se rassemblent en orchestres plutôt que de traîner dans la rue.

Un Sistema à la belge ? ReMuA (Réseau de musiciens intervenants en atelier), déjà à l’origine d’un projet  » Ch£ur à l’école « , y croit. Depuis des mois, cette association remue ciel et terre pour lancer, dès septembre prochain, les premières classes-orchestres belges, dans trois écoles pilotes bruxelloises. Le défi est de taille : le financement d’un seul groupe pendant un an s’élève à 18 000 euros.  » Pas grand-chose comparé au coût d’une année de chômage « , lance Michel Cordier, chargé de réunir les fonds. Pour atteindre son double objectif, social et artistique, le projet doit être mené avec une approche pédagogique particulière.  » Nous n’allons pas arriver avec nos partitions et commencer à jouer du Mozart « , explique Sarah Goldfarb, flûtiste, pédagogue et fondatrice de l’associationReMuA.  » Nous allons partir de ce que les jeunes écoutent, composer des pièces sur la base de leurs envies, en laissant une grande place à la créativité.  » Dès l’automne, cuivres, bois et percussions feront leur entrée à Laeken, Schaerbeek et Saint-Gilles. Le début d’un effet boule de neige ?

Pour plus d’info ou pour soutenir le projet : www.remua.be

ESTELLE SPOTO

 » En déchiffrant les partitions, ils ont progressé en lecture « 

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