Le 19 avril 2015, un chalutier parti de Libye fait naufrage en Méditerranée. Parmi les 800 passagers, beaucoup de Sénégalais, de Maliens et d'Erythréens. © Tullio M. Puglia/getty images

Des hommes derrière les chiffres des migrations

Quelle fut la réalité de la crise migratoire de 2015 tant exploitée, avec le  » succès  » que l’on découvrira au soir des élections européennes, par l’extrême droite à coups de slogans réducteurs et de statistiques impersonnelles ?  » Cet anonymat, je ne supportais plus de le reproduire dans des articles avec des chiffres de noyés et d’arrivées « , justifie la journaliste et réalisatrice Taina Tervonen. Ainsi a-t-elle décidé de mener l’enquête sur ces morts sans nom de Méditerranée, en particulier les 800 passagers d’un chalutier parti de Libye le 18 avril 2015 dont seulement 28 survécurent à son naufrage le lendemain. Dans sa cale se trouvaient 203 personnes entassées dans 45 mètres carrés… L’auteure s’accroche au téléphone jaune Nokia retrouvé sur le corps de l’un d’entre eux – PM390047, tombe n°27 du cimetière de Catane, en Sicile – pour tenter de retracer le parcours de ces souvent jeunes aspirants à une vie meilleure en Europe. Au terme de son périple en Italie, en Grèce, en France, au Niger et au Sénégal, Taina Tervonen arrive à redonner une humanité à ces disparus et à faire comprendre l’inéluctabilité, dans leur entendement, de leur départ malgré les risques encourus. Mais sans doute pas toujours appréciés à leur juste mesure. L’intérêt de Au pays des disparus est ainsi de mettre en exergue, plus que l’horreur assez documentée des violations des droits de l’homme en Libye, la dangerosité de la traversée du désert qui y mène à partir d’Agadez, au Niger. Plus encore que ceux disparaissant en Méditerranée, les migrants qui y meurent sont les grands oubliés de ce drame contemporain.

Des hommes derrière les chiffres des migrations

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