Des garçons dans le vent

Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Dans des registres différents, Stromae et les Vismets font partie des porte-drapeaux de la musique populaire bruxelloise actuelle. Le premier est devenu une star internationale, les quatre autres prennent doucement leur envol.

L’anecdote suivante ne manque pas de portée symbolique. Puisque Bruxelles est un village, que tout le monde s’y connaît plus ou moins, ou s’y croise dans les ambiances enfumées des boîtes de nuit, nous envoyons un SMS directement à Stromae pour solliciter un entretien. Parce que son métissage est une carte de visite dont Bruxelles doit être fière et que sa musique elle-même, mélange de sons commerciaux et de textes tranchants, a la faculté de traverser les genres.  » Hello, désolé, mais je ne pourrai pas accepter d’interview sans passer par l’intermédiaire d’Universal « , répond gentiment Stromae. Une semaine plus tard, après une relance auprès d’un intermédiaire, le responsable des relations presse du Belgo-Rwandais finit par nous envoyer un laconique :  » Un emploi du temps trop chargé ne permettra pas à Stromae de répondre à vos questions. « 

Les temps changent donc pour Paul Van Haver, né il y a 25 ans à Bruxelles d’un père rwandais et d’une mère belge. Encore inconnu du grand public voici deux ans, le longiligne gaillard est, depuis, devenu une star des hit-parades. Grâce à un titre aussi efficace qu’entêtant, Alors on danse, et à Cheese, l’album qui suivit. Passé à la musique électronique après avoir fait ses armes dans le hip-hop, Stromae est assurément l’un des fleurons actuels de la culture populaire bruxelloise.

Au même titre, d’ailleurs, que les Vismets, quatre garçons dans le vent dont le premier album, Gürü Voodoo, fait partie des belles réussites musicales des derniers mois. Pas encore des vedettes internationales, Dany, Tony, Nicky et Ramy, mais un quatuor qui commence à se tailler une solide réputation sur la scène pop-rock du pays. A lui seul, le nom du groupe évoque un pan de la  » bruxellitude « , puisqu’il s’inspire de l’ancien argot de la ville : les vismets étaient des petites frappes de quartier… Purs produits de la capitale, les Vismets ?  » Musicalement, je n’en ai pas l’impression, je n’aime pas trop les étiquettes, explique Dany, le chanteur et claviériste du groupe. Mais il est vrai qu’il y a des histoires de famille, comme partout, dans la musique bruxelloise.

Une scène rock s’est développée dans la ville, avec des groupes comme Ghinzu, Sold Out ou Montevideo. Ce sont des gens que l’on côtoie, avec qui on travaille de temps en temps. De vrais liens se sont noués, forcément et c’est plus dans ce sens-là que je rattacherais les Vismets à Bruxelles.  » Le 3 décembre prochain, les quatre musiciens donneront, en une soirée, pas moins de trois concerts dans trois lieux branchés de la capitale : le Bar du Matin, le café Belga et le Marquee. Un  » Brussels Tour  » inédit pour des concerts intimistes : le groupe, qui a joué notamment à l’AB ou dans les festivals d’été, n’est plus forcément habitué à performer dans des bars… En décembre, c’est d’ailleurs une tournée en Suisse qui attend les Vismets, après la Grande-Bretagne et la France, pays dans lequel l’album sortira en mars prochain.  » Bruxelles est une bonne plate-forme de départ, il y a énormément de relais culturels, des « places to be » connectées entre elles. Le bouche-à-oreille fonctionne bien et les scènes s’enchaînent facilement. Le tremplin vers la France est idéal, d’autant qu’être estampillé « rock belge » donne une bonne presse là-bas, notamment grâce à des groupes comme dEUS, Soulwax ou Ghinzu « , conclut Dany.

GUY VERSTRAETEN

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