Des facilités faciles

L’allemand est déjà reconnu comme langue officielle, en Belgique, depuis… 1932. Mais ce sont les lois linguistiques des années 1962-1963 qui ont donné corps à cette reconnaissance en en faisant la langue utilisée dans les administrations, à l’école et devant les tribunaux. Théoriquement, un habitant des communes germanophones peut réclamer tous ses documents administratifs en allemand, du service des pensions à la demande de primes pour la rénovation de sa maison. Mais la mauvaise qualité, quelquefois, de certaines traductions, incite le citoyen – souvent bilingue – à ne pas trop insister pour faire valoir ses droits auprès des services de l’Etat fédéral ou de la Région wallonne.

En 1966, le régime linguistique allemand choisi par 25 communes à l’est de la Belgique (elles sont au nombre de 9 depuis les fusions) est assorti de facilités pour les habitants francophones. Contrairement à ce qui se passe dans la périphérie bruxelloise, située en Région flamande, ces facilités sont appliquées, ici, les yeux fermés: pas de bureaucratie tatillonne, ni de pressions. Plus personne ne redoute une francisation, même si, du côté de Saint-Vith, au détour d’un chemin, on tombe encore, parfois, sur un panneau de signalisation dont le texte français est badigeonné.

Des facilités faciles, donc, pour les francophones. Elles ne relèvent d’ailleurs pas de la Communauté germanophone, mais elles sont imposées par la loi fédérale. On évalue à environ 10 % le nombre d’habitants francophones. Les « facilités scolaires » relèvent bien, quant à elles, de la Communauté. Elles sont utilisées assez franchement, d’autant qu’un certain nombre de parents parlant mal ou pas du tout le français, envoient leurs enfants dans les sections francophones, ce qui ne correspond pas exactement à l’esprit de la loi. De plus, ces sections francophones accueillent des élèves dont les parents sont établis dans des communes limitrophes francophones (Welkenraedt, Plombières…). Au grand dam des finances de la Communauté, puisque la dotation ne subsidie pas ces inscriptions. Le gouvernement germanophone s’apprête, ici, à prendre des mesures restrictives. Il veut tenter, au niveau secondaire, de supprimer les sections 100 % françaises, en ne tolérant plus que des filières dans lesquelles un maximum de 50 % de cours seraient donnés en français. A Eupen et à La Calamine, le projet de décret allant dans ce sens est combattu notamment avec l’argument qu’on ne peut pas perturber le parcours d’enfants ayant suivi l’enseignement primaire – où rien ne changerait – en français. Les inscriptions « francophones » dans ces deux localités représentent entre 40 et 50%.

P.S.

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