Dernière page pour Toni Morrison
Ce 5 août, à New York, ce n’est pas simplement Chloe Anthony Wofford dite Toni Morrison qui nous a quittés, c’est également un symbole et une oratrice hors pair. Il suffit de se plonger dans La Source de l’amour-propre : essais choisis, discours et méditation, anthologie publiée en octobre par Bourgois, pour en prendre la mesure.
L’auteure afro-américaine, couronnée d’un Nobel en 1993 et influencée par le Black Arts Movement, y déploie avec lucidité, férocité, et une autre tonalité les thèmes qui faisaient rougeoyer de colère et de grâce ses romans. Il y a là celle qui n’oublie jamais d’où elle vient, et relire son Eloge funèbre à James Baldwin montre à quel point elle trouvait un puits ressourçant dans la compagnie de l’auteur de La prochaine fois, le feu, dans sa langue » dans laquelle résider « . Il y a là aussi celle qui, lors d’un discours à la demande d’Amnesty International en 2004, ose dire que » l’heure des compliments est passée « , qu’il est désormais temps de faire la guerre à l’erreur et au déficit d’humanité. Celle qui, dans Les Demi-soeurs de Cendrillon, discours de cérémonie des diplômes à la faculté Barnard en 1979, redit aux étudiantes l’importance de » ne pas prendre part à l’oppression de ses soeurs « . Toutes ces Toni Morrison-là vont sacrément nous manquer.
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