La critique du pouvoir permet-elle de nourrir le sentiment, même éphémère, de l'exercer ? © ALLILI MOURAD/ISOPIX

Démocratie à revivifier d’urgence

Entre aspiration à la démocratie directe et progrès de la démocratie illibérale, le pire des systèmes politiques à l’exclusion de tous les autres vit des moments délicats. Dans Démocratie ! Hic et nunc (François Bourin, 216 p.), Jean-François Bouthors et Jean-Luc Nancy auscultent le malade avec la distance bienvenue de l’écrivain et du philosophe. En rappelant ses origines et son évolution, en mettant en garde contre la technicité qui menace de se substituer au pouvoir du peuple, en analysant le risque que fait peser sur elle la rupture d’égalité matérielle, en insistant sur la responsabilité du citoyen…, les auteurs avancent utilement les pistes pour revivifier la démocratie. Ils pointent aussi l’extrême difficulté de l’exercice du pouvoir.  » La critique du pouvoir offre à celui qui la pratique le sentiment d’exercer ce pouvoir dont il est démuni, notent les auteurs. La virulence – et même la haine -, qui s’observe sur les réseaux sociaux et s’exprime dans nombre de manifestations et prises de parole, est l’expression cathartique de cette tentative de retournement d’une impuissance qui s’enracine dans un défaut de responsabilité.  » Or, pour refonder le pouvoir, Jean-François Bouthors et Jean-Luc Nancy suggèrent de reconsidérer la question de son incarnation en espérant qu’entre  » l’icône-idole d’un Guide suprême  » et  » la pâle figure d’un chargé de pouvoir ou celle, plus technicienne, d’un manager « , émerge  » l’exercice de charismes  » rendu possible par le peuple. Fameux défi.

Démocratie à revivifier d'urgence

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