Débusquer le cancer de l’intestin

Karin Rondia Journaliste free-lance

Après le dépistage du cancer du sein par mammotest, la Communauté française lance un nouveau programme de dépistage gratuit pour le cancer de l’intestin.

Le cancer du gros intestin (cancer colorectal) est l’un des plus fréquents chez nous, puisqu’il touche plus de 7 000 personnes chaque année en Belgique. C’est le deuxième cancer en fréquence chez la femme, le troisième chez l’homme, et il se déclare surtout après 50 ans. Il est assez agressif quand on le découvre à un stade avancé (50 % de décès à cinq ans) mais s’il est traité à un stade précoce, on le guérit dans 90 % des cas. C’est à partir de ces chiffres que nos autorités ont (enfin) décidé de mettre sur pied une campagne de dépistage systématique à l’adresse de tous les plus de 50 ans, et jusqu’à 74 ans.

Petit polype peut devenir… dangereux

Dans son histoire naturelle, le cancer colorectal débute le plus souvent par un petit polype dans l’intestin. Un polype, en soi, est tout à fait banal mais comme les cellules qui le constituent se divisent plus vite que la moyenne, il y a un certain risque de cancérisation à long terme. Les polypes ont une propension à  » saignoter  » ; la présence de traces microscopiques de sang dans les selles est donc un signe indirect de leur présence. C’est sur la recherche de ces traces de sang que repose le dépistage.

C’est tout naturellement le médecin généraliste qui sera le relais central de ce dépistage. Il remettra aux patients le  » kit  » de micro-prélèvement de selles nécessaire au test. Un prélèvement à pratiquer soi-même à la maison, dans la tranquillité de sa salle de bains. Les résultats reviendront chez le généraliste, et c’est avec lui qu’il faudra envisager la suite à y donner – c’est-à-dire rien de spécial dans la grande majorité des cas.

Un test négatif dans 97 % des cas

En effet, dans 97 % des cas, le test sera négatif ; il sera à nouveau proposé deux ans plus tard, et ainsi de suite. Quant aux 3 % de résultats qui reviendront positifs, ils ne signeront pas pour autant l’existence d’un cancer, mais bien d’un probable polype à aller examiner in situ, par coloscopie. Cet examen, réalisé par le gastro-entérologue, permet d’explorer le gros intestin sur toute sa longueur. Si polype il y a, il pourra être enlevé dans le même geste. De cette manière, une lésion précancéreuse ou cancéreuse à un stade débutant a toutes les chances d’être enlevée à temps et définitivement guérie.

On sait cependant qu’il y a des  » familles à risques  » chez qui le cancer de l’intestin apparaît plus fréquemment que dans la moyenne de la population. Pour leurs membres, il faut appliquer une autre stratégie et passer directement à l’étape de la coloscopie. Ces personnes à risque élevé bénéficieront quand même indirectement du programme de dépistage, puisque leur médecin traitant sera amené à détecter ce risque accru – s’il ne le sait pas déjà – et à les envoyer chez le spécialiste pour une coloscopie attentive et un suivi régulier.

Une surveillance à maintenir individuellement

Un tel programme ne s’improvise pas. Il se calque sur des campagnes similaires développées dans d’autres pays européens et repose sur des preuves scientifiques très solides. Même si le test Hemoccult en lui-même est insuffisant pour détecter avec certitude un cancer chez un individu isolé, sa précision s’accroît quand on sait que le test est répété tous les deux ans, et qu’un polype prend dix ans pour passer au stade de cancer.

Cela n’empêche évidemment pas de consulter son médecin si l’on a des inquiétudes personnelles, ou des symptômes évocateurs comme la présence visible de sang dans les selles. La vigilance personnelle reste de mise, ainsi que les mesures de vie saine. Le cancer du côlon est en effet particulièrement lié à la qualité de l’alimentation.

Karin Rondia

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire