Débâcle de Fortis : appel à M. Reynders

Lecteur assidu de votre magazine, je me fais ici le porte-parole de nombreux collègues de Fortis Banque aujourd’hui à la retraite. Ceux que J.P. Votron a encouragés à souscrire à la fameuse augmentation de capital au prix imbattable de 15 euros (2 actions pour 3 possédées). Ces pensionnés, dont je suis, voient leur épargne-pension réduite quasi à néant. Ils continueront cependant à payer un impôt sur la rente  » fictive  » que ce capital est supposé leur rapporter et ce pendant vingt ans (et malgré le fait qu’ils aient acquitté l’impôt sur le revenu au moment de la perception de ce capital !). Un impôt sur rien, donc, après avoir payé anticipativement et irrémédiablement à l’Etat un impôt sur les options reçues pendant leur carrière et qu’ils ne pourront jamais exercer (un autre impôt sur rien, donc). De plus, leur petite pension d’Etat tient compte de cette rente fictive pour fixer le niveau  » théorique  » de leur pension, ce qui les exclut automatiquement de la liste des petites pensions qui bénéficient sporadiquement de réajustements et de  » bonus « …

Les petits porteurs d’actions Fortis sont, entre autres, les anciens de cette banque qui ont investi leur capital-pension en actions de Fortis (LE placement de bon père de famille). Ceux-ci se retrouvent aujourd’hui quasi sans rien parce que les actifs qui constituaient la valeur de leur action ont été bradés, d’une part, au profit de l’Etat néerlandais et, d’autre part, de Fortis Banque, dont l’Etat et BNP Paribas se retrouvent actionnaires et qui engrangeront les bénéficies et plus-values futurs, d’autant plus que les crédits structurés (dont les fameux subprimes) ont été laissés au holding (donc aussi aux petits actionnaires…). Pourquoi ne pas avoir fermé les guichets de Fortis et bloqué le PC Banking (jusqu’à concurrence d’un certain montant) en attendant que la Banque ne dévoile, une fois pour toutes et complètement cette fois, son exposition aux actifs pourris, tout en organisant la mise en place de liquidités suffisantes (les fameux emprunts au jour le jour, vitaux pour la survie de n’importe quelle banque, si bonne soit-elle !) ? BNP Paribas avait-elle aussi coupé ses lignes sur Fortis en attendant que celle-ci s’écrase et qu’elle puisse la racheter à un prix bradé ?  » Je ne prête plus à cette banque, mais je pense qu’elle est saine et je veux la racheter au prix le plus bas.  » Belle moralité  » financière « … Les grandes banques ont accumulé des mauvais risques, mais elles n’étaient pas en faillite pour cela. Tout au plus devraient-elles supprimer l’un ou l’autre dividende et procéder à une consolidation de leurs fonds propres dans le calme et la sérénité. Les autorités (CBFA, BCE et gouvernements) ont laissé s’organiser un assèchement du marché au jour le jour et ont permis les attaques concertées sur des cibles recherchées. De plus, elles ont systématiquement trompé le petit actionnaire ne disposant d’aucune information bilantaire à jour, en lui faisant croire, jour après jour, mensonge après mensonge, que la banque était sauvée. Quelle sera la prochaine banque à souffrir ? Celle que le  » marché  » aura prise pour cible. Qui est ce  » marché  » ? Certainement pas les petits porteurs… Alors qui sont ces gros actionnaires qui ont fait dégringoler les valeurs bancaires ? Je suggère donc que M. Reynders propose aux petits actionnaires belges de Fortis (ceux dont le portefeuille constitue l’épargne raisonnable, comme provenant, par exemple, de leur capital-pension) d’échanger leurs actions Fortis (coquille vide) contre des actions BNP Paribas ! Voilà qui serait un geste significatif envers ces actionnaires et non des promesses en l’air de partage de dividende, si… Les pensionnés n’ont pas dix ou vingt ans devant eux : ils doivent manger leur capital pour vivre et celui-ci n’existe plus !

Philippe Seron, Dion-Valmont

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