De si gentils monstres

Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Monstres et Cie confirme d’adorable façon les progrès constants des images de synthèse, surtout celles portant la marque de Pixar

Depuis la révélation de Toy Story, chaque nouvelle production du studio Pixar est attendue avec grande impatience par les spectateurs de tous âges. Aux bonheurs tout neufs offerts par ce premier chef-d’oeuvre en images de synthèse sont venus s’ajouter ceux de 1 001 Pattes et, ensuite, de Toy Story 2, sans aucun doute le sommet actuel de ce mode d’animation. Sous la direction de John Lasseter, le nom Pixar est devenu synonyme de performance technologique et de génie créatif. Associé à Walt Disney Pictures, le studio semble à même de conserver pour longtemps son leadership dans un domaine ne cessant de s’étendre. Monstres et Cie, dernier film en date sortant de ses ateliers, remporte aux Etats-Unis un succès triomphal qui ne devrait connaître aucun démenti dans le reste du monde.

Il est amusant de constater que, au moment où un Shrek vient de faire souffler le vent de la concurrence sur un mode délicieusement iconoclaste et résolument second degré, Pixar nous propose la plus mignonne, la plus enfantine, de ses productions. Certes, la subversion n’est pas totalement absente de Monstres et Cie. Mais elle ne se départ jamais d’une douceur et d’une gentillesse qui feront des enfants les premiers supporters du film. Celui-ci nous emmène dans l’univers de ces monstres que l’on peut voir s’agiter, la nuit, dans les recoins sombres des chambres de nos bambins. Sortant d’un placard, ou de sous le lit, ce n’est pas par plaisir pervers que ces compagnons du cauchemar s’emploient à effrayer les mômes. Ils sont les employés d’une firme, qui vont au turbin pour gagner leur vie, dans un univers parallèle où les cris de peur des enfants sont la seule ressource énergétique disponible! Sulli et Bob font partie de ces travailleurs de l’effroi. Le premier est immense, cornu et velu. C’est, malgré son caractère débonnaire, le plus performant des employés de la société. Bob, lui, est petit, et ne possède qu’un oeil. Ce sont de vrais amis, et c’est ensemble qu’ils vont vivre une incroyable aventure…

Attention, enfant!

Dans le petit monde de Bob et Sulli, on n’a que deux craintes: se retrouver à court de cris d’enfants, et voir un gosse s’infiltrer dans le système. Qu’un mioche franchisse en effet en sens inverse les portes magiques empruntées par les monstres, et ce sera la panique. Les enfants ne sont-ils pas, comme le prétendent les autorités, extrêmement toxiques? Vous avez déjà deviné qu’un lardon viendra sous peu terroriser les terreurs. Comment les monstres, Sulli et Bob en tête, réagiront à la menace représentée par une petite fille de 2 ans, nous ne vous le dévoilerons pas ici. Sachez seulement que vous prendrez au spectacle un plaisir qui ne se refuse pas. Même s’il n’atteint pas le niveau de Toy Story 2, Monstres et Cie est un nouveau régal d’humour, d’émotion et de maîtrise technologique. John Lasseter n’est plus cette fois à la réalisation, laissant le poste à son compère Pete Docter. Ce dernier mène fort bien un récit, certes simple dans son déroulement, mais semé de défis formels, telle cette folle poursuite dans l’univers parallèle des portes communicantes qui évoque un parcours vertigineux de montagnes russes dans le cadre surréaliste d’un film de Terry Gilliam!

A elle seule, la toison soyeuse et bleutée de Sulli démontre les progrès de l’imagerie de synthèse, constamment sollicitée pour plus de précision, plus de réalisme, mais aussi plus de poésie tant le stade du digital froid et désincarné appartient aujourd’hui au passé. A la performance de l’outil s’ajoutent désormais une maniabilité accrue, un rendu sensuel, une dimension humaine qui ouvrent de nouveaux horizons à l’imaginaire cinématographique.

Louis Danvers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire