Dame Justice un peu souillée

Fuites des délibérés, cascade de décisions contradictoires, publicité tapageuse : la justice a aussi un peu pataugé.

Disons-le d’emblée : Ghislain Londers, premier président de la Cour de cassation (le plus haut magistrat du pays !) a eu raison de rendre publiques  » certaines initiatives prises dans l’affaire Fortis « , ainsi qu’  » un certain nombre d’indications claires  » donnant à penser que le monde politique a tenté d’influencer le cours du jugement en appel de l’affaire Fortis, rendu le 12 décembre. L’indépendance de la justice est un principe fondamental de l’Etat de droit. Si quelqu’un y déroge, le procédé doit être dénoncé. Cela dità

La justice n’apparaît pas toute blanche dans cette affaire. Il est avéré que le cabinet d’Yves Leterme a été mis au courant du contenu du délibéré qui a précédé l’arrêt de la cour d’appel, lequel  » tournait mal  » pour le gouvernement. Or seul un des trois magistrats participant aux discussions a pu lâcher l’info, d’ordinaire top secrète. Les soupçons pèsent sur la juge Christine Schurmans, dont le mari est étiqueté CD&V. Plus tôt, en novembre, dans les jours qui ont précédé l’ordonnance rendue, en première instance cette fois, par le tribunal du commerce de Bruxelles, le substitut du procureur du roi aurait eu, lui aussi, un contact avec le cabinet d’Yves Leterme. Des  » fuites  » et des  » contacts  » inadmissibles, tout autant indignes de la justice que du monde politique.

Et puis, fallait-il que le premier président de la Cour de cassation (on le répète : le plus haut magistrat du pays) entoure la lettre et le rapport qu’il a transmis à Herman Van Rompuy, président de la Chambre, d’une publicité aussi tapageuse ? Pensez un peu : une conférence de presse (une attitude qui tranche avec la retenue habituellement de rigueur dans le monde feutré des hauts magistrats) et puis son arrivée théâtrale devant les grilles du Parlement, dans une grosse berline, pour être sûr que les caméras ne le ratent pasà

Passons sur les décisions contradictoires des protagonistes. Le tribunal du commerce qui rend une ordonnance (favorable au gouvernement) contre l’avis du parquet (défavorable au gouvernement). La cour d’appel qui rend un arrêt (défavorable au gouvernement) contre l’avis du parquet d’appel (favorable au gouvernement). Le jeu normal du système judiciaire semble, ici, poussé à son paroxysme. Et c’est dit polimentà l

I. Ph.

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