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Connaissez-vous le mal des vitrines ?

Si l’exercice et un mode de vie (plus) sain restent le meilleur remède en cas d’artères bouchées dans les membres inférieurs, un très grand nombre de patients belges continuent à faire l’objet d’un traitement chirurgical… Il est grand temps que cela change !

Nous sommes tous confrontés tôt ou tard à l’athérosclérose, un problème caractérisé par un rétrécissement progressif des vaisseaux sanguins. Un mode de vie malsain – combinant surpoids, manque d’exercice, tabagisme, diabète de type 2, hypertension, hypercholestérolémie et surtout tabagisme – accélère toutefois sensiblement ce processus.

Mal des vitrines

Lorsqu’elle touche les membres inférieurs, l’athérosclérose empêche le sang, riche en oxygène, d’irriguer efficacement les muscles des jambes. C’est l’artériopathie périphérique des membres inférieurs, appelée aussi claudication intermittente ou  » maladie des vitrines « . Elle se caractérise chez la moitié des patients par des crampes lancinantes douloureuses au niveau d’un ou même des deux mollets lors de la marche, qui disparaissent dès qu’ils s’arrêtent un instant de marcher. En rue, c’est comme si la personne devait s’arrêter devant chaque vitrine…

L’autre moitié des patients évoque plutôt des plaintes rares telles qu’une sensation de fatigue ou des picotements dans les jambes, des pieds froids, des problèmes d’onychomycose… et le médecin devra parfois un peu chercher avant de parvenir au bon diagnostic. Pour en avoir le coeur net, il faudrait idéalement comparer la tension mesurée au niveau de la cheville et au niveau du bras (index cheville-bras), mais rares sont malheureusement les généralistes qui disposent de l’appareillage nécessaire pour effectuer cette mesure. En cas de suspicion de maladie vasculaire, le patient sera souvent renvoyé à un radiologue pour une imagerie des vaisseaux sanguins. Il aboutira ensuite chez un chirurgien vasculaire qui, sous anesthésie, introduira un ballonnet dans l’artère rétrécie pour l’élargir. Il arrive également qu’il place un stent pour garder l’artère ouverte.

Une maladie liée au mode de vie

 » Malheureusement, les problèmes resurgissent dans les deux ans chez 40 % des patients opérés, expliquent les kinésithérapeutes Fons De Schutter et Bruno Zwaenepoel. L’artériopathie périphérique des membres inférieurs est en effet une pathologie liée au mode de vie. Si la personne ne change pas ses habitudes (en particulier tabagiques), ses vaisseaux vont rapidement se boucher de nouveau, avec à la clé une réapparition des plaintes. Les directives internationales ne recommandent pas la chirurgie vasculaire comme traitement de premier choix, mais… beaucoup de marche ! Cette approche exige toutefois plus qu’une simple promenade quotidienne.  »

Connaissez-vous le mal des vitrines ?

C’est pourquoi le gouvernement fédéral a accepté de dégager un financement pour le lancement d’un projet-pilote de thérapie par l’exercice sous supervision. Un certain nombre de kinésithérapeutes (ils sont actuellement au nombre de 38) ont suivi une formation spéciale autour de la claudication et l’Inami se chargera de rembourser en grande partie la trajectoire de soins pour quelques centaines de patients.  » Un coaching est vraiment nécessaire dans ce contexte, souligne Fons De Schutter. C’est un peu comme pour la cessation tabagique : les médecins peuvent insister tant et plus auprès de leurs patients sur la nécessité d’arrêter, mais 10 % à peine y parviendront par eux-mêmes. Le coaching multiplie par deux les chances de réussite.  »

Un thérapeute spécialisé dans la claudication suit une formation spécifique pour apprendre à motiver et guider les patients vers un mode de vie plus sain où l’exercice occupe une place centrale.  » Il définit des objectifs sur mesure en concertation avec son patient, en se focalisant sur ce qui est important pour la personne elle-même « , enchaîne Bruno Zwaenepoel. L’expérience menée aux Pays-Bas révèle qu’une thérapie supervisée reposant sur l’exercice améliore davantage la qualité de vie des patients que la chirurgie vasculaire.

Du passif à l’actif

Une thérapie supervisée reposant sur l’exercice améliore la santé vasculaire et favorise notamment la formation de nouveaux petits vaisseaux dans les membres inférieurs, ce qui permettra au patient de marcher de plus en plus longtemps sans douleur. Le progrès ne se produit toutefois pas toujours sans mal.  » Les patients doivent coopérer, s’entraîner à la maison et adapter leur mode de vie, mais ils en retireront un bénéfice considérable « , soulignent en choeur les deux kinés. Un mode de vie plus sain permet en effet non seulement de limiter les douleurs dans les jambes mais aussi de réduire le surpoids, le risque de maladie cardiovasculaire et d’AVC et d’améliorer l’humeur et le bien-être. Au-delà des bénéfices pour le patient lui-même, cela permet en outre aux autorités d’engranger des économies en évitant des opérations inutiles.

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