Compte d’épargne : indispensable

Les comptes d’épargne -pour la sécurité à court terme – et les obligations – pour un rendement à plus long terme – figurent en bonne place au hit-parade des placements « sûrs ». Tour d’horizon de deux grands classiques.

S’il est un produit financier auquel les Belges sont particulièrement attachés, c’est bien le compte d’épargne. Même si certaines grandes banques ont récemment fait un « effort » en matière de rémunération, et même si de petites institutions se montrent traditionnellement plus généreuses à cet égard, ce type de compte n’est pas très rémunérateur : il offre aujourd’hui 2 % de taux de base, plus ou moins dopé par des primes de fidélité ou d’accroissement. En fait, ses deux atouts sont ailleurs : il s’agit de sa fiscalité et de sa facilité d’emploi.

La fiscalité

Dites à un Belge qu’il y a moyen de ne pas payer d’impôt et il foncera tête baissée. La preuve par le carnet d’épargne : dans notre pays, on en dénombre 18 millions (soit presque deux par personne), cumulant 3 800 milliards de francs en tout (soit 210 000 francs par compte).

Attention, l’exonération de précompte ne porte que sur un montant d’intérêt plafonné, à savoir, aujourd’hui, 1 440 euros, soit 58 089 francs. Ce qui, à un taux moyen de 3 %, correspond à un montant déposé de 1 936 000 francs (50 000 euros).

Au-delà de ce plafond, un précompte de 15 % est retenu. Pour contourner cette limite, nombre d’épargnants ont ouvert plusieurs comptes d’épargne dans différentes banques. Légalement, seul un compte par ménage bénéficie de l’exonération. Mais, dans les faits, la surveillance est pratiquement impossible.

La facilité

L’autre grand avantage attribué au carnet d’épargne, c’est la simplicité des dépôts et des retraits. Un simple virement suffit. On peut d’ailleurs procéder avec des ordres automatiques. Si bien que de nombreux titulaires les utilisent pratiquement comme des comptes à vue… pratique que les banquiers invoquent pour justifier le niveau modeste de la rémunération.

Une seule restriction : on ne peut effectuer directement des paiements, il faut passer par son compte bancaire. Pour les retraits demandés au guichet, un préavis de quelques jours peut être demandé au-delà d’un certain montant.

Attention : cette facilité de retrait est tempérée par un système de date de valeur qui pénalise quelque peu les retraits. En effet, si les dépôts portent intérêt un jour après la réception des fonds sur le compte (J+1), le retrait, lui, est comptabilisé de manière rétroactive. Pour le calcul des intérêts au taux de base, on prend le plus souvent en compte le 7e jour calendrier précédant le retrait (J-7) alors que, pour la prime d’accroissement, c’est le premier jour de la quinzaine précédant l’ordre de retrait qui est pris en considération. En principe, un mois compte deux quinzaines : du 1er au 15 et du 16 au 30 (ou 31). Un retrait intempestif mal calculé risque donc de faire perdre le bénéfice de la prime d’accroissement ou de fidélité.

Notons enfin que, le plus souvent, l’ouverture et la fermeture d’un compte d’épargne, les dépôts et les retraits ne sont pas facturés, pas plus que la gestion annuelle du compte.

La rémunération

Ce n’est pas Byzance, mais dans le contexte actuel de baisse des taux, on pouvait s’attendre à pire. En gros, on peut distinguer deux types d’offres. Celle des grandes institutions tout d’abord, avec un taux de base de 2 % (sauf La Poste : 2,50 %), mais avec une prime d’accroissement assez attrayante dans certains cas. A la BBL, elle s’élève à 2 %, chez KBC/CBC à 1,5 % et chez Fortis à 1 %. Ailleurs, on est resté à 0,5 %. Celle des « francs-tireurs » d’autre part, qui proposent un taux de base plus satisfaisant : 3,60 % pour Finansbank, 3,50 % pour DHB Bank, 3,25 % pour Cortal, 3 % pour CPII Banque, 2,75 % pour Smap Banque, etc. Précisons que, dans certains cas (Finansbank et AGF Banque notamment), un dépôt minimum peut être exigé pour bénéficier du taux le plus favorable. Dans d’autres (Banque du Brabant et Bacob), un petit bonus est accordé aux clients coopérateurs.

Bien entendu, pour obtenir la rémunération globale, il faut cumuler taux de base, prime d’accroissement ou prime de fidélité. Pour le taux de base, pas de problème : il s’applique sur le montant déposé. Pour la prime d’accroissement, en revanche, c’est la bouteille à encre. Chaque banque a sa petite opinion à ce sujet. Le plus souvent, elle ne bénéficie qu’au supplément apporté, et à condition qu’il reste déposé pendant six mois. Mais dans quelques rares cas, chez Cortal par exemple, elle s’applique à l’ensemble du montant déposé. Ajoutons à cela que, le plus souvent, cette hausse de la prime d’accroissement n’est qu’une promotion temporaire.

Bref, avant de choisir, tenez compte de tous les paramètres. Si vous envisagez de transférer votre argent d’un compte sur un autre compte, soyez attentif aux implications du système des dates valeur. Et ne perdez pas de vue que, sauf engagement précis, le banquier reste libre d’adapter comme il le veut la tarification des comptes d’épargne. C’est la contrepartie de la liberté dont dispose l’épargnant sur le plan des retraits.

Le bon niveau

Par paresse, de nombreux épargnants placent toutes leurs économies sur leur compte d’épargne. Ce n’est évidemment pas ce qu’il faut faire. Rappelons, tout d’abord, que l’exonération de précompte ne joue que jusqu’à concurrence de 58 089 francs (1 440 euros)

Ne perdons pas non plus de vue que, en cas de faillite d’une banque, la loi sur la protection des dépôts et des instruments financiers ne couvre l’épargnant que jusqu’à concurrence de 806 798 francs (32 546 euros). Si vous avez des doutes sur la solidité de la banque concernée, notamment lorsqu’il s’agit de petites banques étrangères, ne dépassez donc pas ce montant.

Plus fondamentalement, compte tenu de la rémunération modeste des carnets de dépôt, limitez les dépôts à ce qu’on peut appeler un matelas de sécurité, qui varie bien entendu selon la taille et les besoins de la famille. Pour un isolé, on met souvent le plafond à 300 000 francs. Celui-ci est porté à 500 000 ou 600 000 francs pour un couple avec un enfant. Au-delà, il est recommandé de placer son épargne dans des instruments a priori plus rémunérateurs et eux aussi facilement mobilisables, comme les bons d’Etat ou des sicav défensives.

Marc Charlet

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