Comment gérer le rêve d’Europe

« Jamais, dans l’histoire, les habitants d’une partie du monde n’ont été aussi jeunes que les Africains subsahariens aujourd’hui « , avertit Stephen Smith dans La Ruée vers l’Europe (Grasset, 270 p.). Plus de 40 % de la population africaine a moins de 15 ans : le professeur de l’université de Duke, aux Etats-Unis, et ancien journaliste de Libération et du Monde prédit donc que la rencontre migratoire entre l’Europe et l’Afrique va changer d’échelle. L’Etat postcolonial en Afrique n’étant que la poursuite des  » gérontocraties  » traditionnelles par d’autres moyens, la démocratie ne parvenant pas à s’y consolider, et les sociétés démontrant leur incapacité à faire vivre l’espoir, l’exode des jeunes Africains va continuer, voire exploser à terme. Même l’aide au développement provenant d’Europe a des effets pervers, estime l’auteur, puisqu’elle autorise l’accès de certains à une prospérité minimale ( » Ne fuit pas qui veut « ), condition, avec l’existence d’une diaspora dans le pays d’accueil, d’une possibilité d’émigration. Stephen Smith n’élude aucune question de la problématique migratoire, pas même la survie de la sécurité sociale européenne, évoquée récemment en Belgique de manière passionnelle, et finit par suggérer qu’entre les scénarios de l’Eurafrique et de l’Europe forteresse, la moins mauvaise solution à ce défi pourrait être une gestion souple des flux migratoires telle que l’Espagne l’a pratiquée ces dernières années.

Le rêve d'Europe des jeunes Africains, qui passe souvent par la traversée de la Méditerranée, ne va pas se tarir.
Le rêve d’Europe des jeunes Africains, qui passe souvent par la traversée de la Méditerranée, ne va pas se tarir.© Laurin Schmid/isopix

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