Comme une lettre à la poste… électronique

Coup d’envoi réussi pour la poste belge. Un mois après son lancement, le nouveau service de courrier électronique baptisé PostBox compte déjà deux mille utilisateurs pilotes

A l’heure d’Internet, La Poste belge entend développer une série de nouveaux services numériques, dont la boîte postale électronique certifiée. A première vue, cela ne semble pas une grande première. Pourtant, le mot d’ordre de la PostBox est sécurité. Pour être clair, il s’agit d’un système de courrier électronique classique qui garantit à la fois l’identité de l’utilisateur, l’intégralité du message ainsi que la date d’envoi. « L’idée, née d’un constat évident, est simple, explique Erik Weytjens ( photo), directeur de La Poste E-Services. L’insécurité des canaux de communication électronique et le manque de fiabilité concernant l’identité de la personne cachée derrière une adresse e-mail nous ont poussés à créer la PostBox. » En ligne depuis deux mois, elle offre aujourd’hui aux utilisateurs deux services: d’une part, l’envoi et la réception de courrier sécurisé garanti par un cachet numérique faisant foi; d’autre part, l’accès à un guichet électronique leur permettant de ne plus devoir se déplacer à l’administration communale pour des demandes de formulaires (peu nombreux actuellement).

Comme l’avait annoncé La Poste, il s’agit d’un projet pilote pour lequel les communes de Louvain, Marche-en-Famenne et Woluwe-Saint-Pierre ont été sélectionnées. S’il est encore trop tôt pour analyser les résultats et tirer des conclusions, précise Weytjens, la PostBox a néanmoins attiré de nombreux curieux. « Nous avions un objectif total de deux mille personnes au minimum et nous l’avons déjà largement dépassé. Nous pensons arrêter le recrutement des testeurs d’ici à la fin d’avril. » Le projet PostBox entrera alors dans sa deuxième phase, à savoir le test lui-même qui sera suivi d’une analyse des résultats. Selon Weytjens, il est important de limiter dans un premier temps le nombre d’utilisateurs « afin qu’ils participent réellement à la création de la PostBox et contribuent directement à l’amélioration du produit avant le lancement national ».

La mise en place officielle de la PostBox reste donc tributaire de l’analyse des futurs résultats. En d’autres termes, La Poste modère ces propos d’il y a quelques mois annonçant 250 000 abonnés pour 2002. « Nous avons été victimes de notre enthousiasme et de notre ambition. Aujourd’hui, nous souhaitons nous focaliser sur nos testeurs et récolter leurs commentaires. » Le lancement officiel se fera donc graduellement. « Aujourd’hui, ce sont les habitants de certaines communes, demain ce seront les clients de certaines entreprises… », précise Weytjens. En effet, La Poste envisage quelques collaborations avec les autorités publiques et, notamment, Electrabel, « partenaire sérieux qui voudrait être le premier à tester la PostBox avec ses clients ». Sur ce point, La Poste se déclare d’ores et déjà « prête à répondre à des besoins de messagerie sécurisée pour les entreprises publiques mais également privées ». Une prétention qui a eu le don d’agacer Belgacom. Si le directeur de La Poste E-Services reste discret sur les « quelques malentendus survenus » avec l’opérateur historique, il confirme en revanche l’existence de négociations pouvant aboutir à un accord.

Cette modernisation de l’entreprise publique autonome, censée rendre La Poste belge plus compétitive, n’a pas non plus laissé son personnel indifférent. Les postiers ont vu d’un mauvais oeil ces nouveaux services destinés avant tout à améliorer la rentabilité de l’entreprise. Du côté de la direction, le passage de La Poste aux nouvelles technologies était inévitable. « Nous arrivons sur le marché avec une offre unique qui répond réellement aux besoins du marché. Cela dit, lorsque que vous commandez par exemple un CD via Internet, c’est encore et toujours le facteur qui vous le livre! » s’exclame Weytjens. Quoi qu’il en soit, La Poste belge semble satisfaite de ses premiers pas dans l’univers virtuel. Toujours ambitieuse, elle espère d’ailleurs proposer prochainement d’autres services comme la facturation en ligne ou le recommandé électronique. De même, l’inscription à la PostBox, qui se fait aujourd’hui encore via un bureau de poste afin de garantir l’identité du demandeur, sera possible à partir du site dès la mise en service de la carte d’identité digitale, pour laquelle Louvain fera à nouveau office de cobaye. Mais ça, ce n’est même pas encore pour demain.

Informations: www.postbox.be

Fany Touitou

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