Claude Lelièvre  » Jean-Denis ne m’a jamais déçu ! « 

Jean-Denis Lejeune a-t-il bénéficié de privilèges au sein de la Délégation générale aux droits de l’enfant, comme le révèle Le Soir ? Egalement pointé du doigt, l’ancien délégué Claude Lelièvre se défend et défend son ami.

Comment Jean-Denis Lejeune a-t-il pu être employé à la Délégation comme fonctionnaire de rang universitaire ?

Claude Lelièvre : C’est le gouvernement qui l’a engagé sous ces conditions. Jean-Denis souhaitait garder le même niveau salarial que chez Child Focus. Une proposition d’emploi de rang 12 a été envoyée à l’Inspection des finances.

Celle-ci a remis un avis négatif, à cause de son niveau de formation.

Oui, mais elle a précisé qu’on pouvait faire une exception, car la personnalité de Jean-Denis constituait un plus pour l’institution. Et le gouvernement l’a engagé. Les ministres Arena et Eerdekens ont organisé une conférence de presse pour l’annoncer.

Vous trouviez tout cela normal ?

S’il s’agissait d’engager Jean-Denis uniquement avec sa formation de carrossier, non bien sûr. Mais nous le voulions pour ses compétences et ses relations. Le gouvernement a estimé qu’il valait un salaire de rang 12 pour ses compétences, qui étaient autres qu’universitaires. C’est tout.

Avait-il des exigences particulières pour son bureau ?

Mais non. Il voulait un bureau collectif où il pouvait travailler avec son équipe de bénévoles, qui nous aidaient pour les campagnes d’information. Nous avons dû déplacer la salle d’attente. Il a obtenu l’air conditionné pour tous les bureaux, pas seulement pour le sien. Vous pouvez vérifier.

Entre autres fonctions, Jean-Denis Lejeune cherchait des sponsors privés. Est-ce normal pour une institution publique ?

Avant lui, c’est moi qui le faisais pour la Délégation. Dans la mesure où je n’avais pas les moyens de mes missions, j’ai dû y recourir, avec l’assentiment de l’Inspection des finances. Quand il est arrivé, je lui ai demandé de reprendre cette mission.

Et les voitures Kia dont M. Lejeune et vous bénéficiiez ?

Moi, j’ai toujours eu droit à un véhicule de fonction avec chauffeur. Quant à Jean-Denis, le gouvernement avait accepté, en 2005, de reprendre le leasing de son Audi. Nous avons ensuite trouvé le moyen, avec l’appui du secrétaire général de l’administration, d’avoir des voitures qui ne coûtaient pas 1 euro à la Communauté française.

De très belles voitures tout de même, avec intérieur cuirà

Jean-Denis avait besoin d’une voiture avec un grand coffre pour transporter du matériel. Je voulais une voiture avec de l’espace à l’arrière pour pouvoir y signer des documents avec un interlocuteur. Je n’ai pas exigé un modèle ni demandé les sièges en cuir. C’est Kia qui voulait nous donner le meilleur de la gamme pour son image de sponsor.

La ministre-présidente de l’époque Marie Arena n’était pourtant pas d’accordà

Je lui ai écrit que le gouvernement, dont je dépendais, était d’accord, lui, et que la convention de sponsoring avait été étudiée par l’administration. Elle ne m’a pas répondu.

Jean-Denis Lejeune considère-t-il que l’Etat lui est redevable de son malheur, comme le suggèrent certains, aujourd’hui ?

C’est très choquant d’entendre ça. Jamais il n’a tenu un tel discours. Ecoutez, il n’est pas toujours facile, c’est vrai. Nous avons eu quelques prises de bec. Mais c’est un ami. Et, durant nos trois années de collaboration, il ne m’a jamais déçu !

Pourquoi tout cela sort-il maintenant ?

Je ne sais pas. Au temps où j’étais délégué, il suscitait déjà quelques jalousies au sein de l’équipe, ne fût-ce que parce qu’il avait une image médiatique. Cela ne s’est sans doute pas arrangé, après mon départ.

Entretien : Thierry Denoël

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire